***Article(s) en date du 16.6.07***

I used to be an intellectual whore :D

Han p'tain, il est énorme ce site. Un grand, grand, GRAND merci à Anthony pour m'avoir filé le lien de Intellectual Whores parce que j'ai passé un vrai bon moment à le lire et à y retrouver un bon nombre des théories qu'on avait assemblées autour d'excès de psychoactifs du temps de l'IUT info. La théorie de l'échelle, ça, on y avait jamais pensé, mais c'est tellement vrai que c'est énorme. Je vous conseille vivement de faire l'effort d'aller lire ce site.

Allez, morceaux choisis histoire de vous mettre l'eau à la bouche. Entre autres, ce site pousse un peu plus loin la règle 27 (tous les types bien sont avec des connasses, toutes les filles bien avec des connards, vous vous souvenez ?) pour dire que les filles dans cette situation s'entourent souvent d'Intellectual Whores (littéralement, des putes intellectuelles) qui sont des filles ou, plus souvent, des mecs, qui leur apportent un niveau de culture et/ou de dialogue affectif ou intellectuel que ne leur apportent pas leur mec. Les raisons et les explications sont sur le site. Allez le lire :)

L'autre théorie sympa (et, honnêtement, vraie à 99%, voire plus, si si, croyez en le mec qui abbhore l'hypocrisie et qui fréquentent beaucoup de mecs qui ont un discours sur le sujet totalement différent lorsqu'ils sont entre mecs où lorsqu'une fille est présente :p) est qu'un homme moyen veut, ou au moins accepterait, tout rapport sexuel avec ses relations féminines sauf si :

A) Il est gay,
B) Il a actuellement des relations régulières avec une fille qu'il trouve mieux,
C) Il trouve la fille positivement repoussante.

Si vous êtes une fille et qu'à la lecture de ceci vous vous dites : "meuh non, s'pas vrai, Bob lui n'est pas comme ça, Il ne m'imaginerais jamais comme ça lui, etc." ? Il est gay, il a mieux, il vous trouve repoussante, ou, nettement plus probablement, vous vous trompez simplement sur lui. Le site propose une très simple expérience (même mentale) à faire pour ça :

* Choisissez un garçon qui, selon vous, ne réponds pas à ces critères, et qui ne vous vois que comme une amie
* Arrangez vous pour être seuls tous les deux chez l'un ou chez l'autre un soir
* Pretextez d'aller dans la salle de bain, revenez entièrement nue, et proposez lui de vous faire l'amour.

A votre avis, va t'il accepter, ou répondre qu'il ne veut pas risquer la belle amitié qui vous lie en y insérant des complications physiques à problèmes ? Répondez honnêtement à cette question, hell, faites le test si vous n'êtes pas vraiment sûre.

Men are bitches. Women are worse :p

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Bon, sinon je ne sais pas si j'avais fait de pitcher l'an dernier (j'avais dû le faire il y a deux ans, mais je crois que l'an passé j'ai oublié) mais dans une semaine je fête mes vingt ans (officieux, à la Bryan Adams. Il y a un article là dessus quelquepart dans les archives, je pense). Si vous voulez me faire plaisir ou si vous ne savez pas quoi faire de votre argent, voici ma ouicheliste Amazon grâce à laquelle vous pourrez m'envoyer plein de bouquins et remplir ma liste de lecture des grandes vacances :)

La citation du jour : "Tiens t'as tout déchiré en linguistique !"
La chanson du jour : Lovers that never were, Paul McCartney, "All of the clocks have run down, Time's at an end, If we can't be lovers we'll never be friends"

Même si l'hypocrisie reste néanmoins un facteur, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 10.6.07***

On peut ne rien voir même sans être aveugle

Dimanche, 10 juin, premier tour des législatives, a voté. A voté, comme pour toutes les élections depuis que j'ai ma carte d'électeur, même si je m'attends à ce que la participation soit bien moindre que celle de la dernière élection présidentielle. Normal, en masse, le peuple fraçais qui est le mien (sur le papier) n'a jamais compris que les législatives étaient bien plus importantes que la présidentielle. Et bien évidemment, vu l'importance, cette fois je n'ai pas voté avec une pièce, je savais pour qui j'allais voter et pourquoi.

Mais arrêtons de parler politique un peu pour se concentrer sur le sujet de l'article du jour (vous voyez, je vous avais dit que j'éviterais les articles trop politiques, après la série assez longue sur la présidentielle ^^). Aujourd'hui parlons de coeur. Parce que c'est un sujet qui me tiens, pun intended, à coeur, et parce que c'est dans l'air du temps en ce moment.

Une fois n'est pas coutume, je ne parlerais cette fois pas (directement) de mes petites affaires, mais je développerai ci dessous une des Grandes Vérités, les grandes lois inconscientes de la vie. Les gens qui me cotoient régulièrement ici ou surtout en "vrai", en chair et en os, savent surement que je fais très souvent référence à cet ensemble de règles que des amis et moi même avions mis en place, souvent pleins de stup's et d'alcool, pendant les années IUT. Mis en place, ou plutôt révélé, car le bien fondé et la véracité de ces règles ou conseils ont été maintes fois prouvés ou démontrés par l'exemple. On pourra citer la fréquence règle numéro sept ("ne jamais, jamais, jamais, JAMAIS re-sortir avec un(e) ex"), la vingt-sept ("Les filles bien sont toujours avec des connards, les mecs biens sont toujours avec des connasses - corollaire : parfois, deux êtres exceptionnels se rencontrent"), ou plus simplement les deux premières : Règle 1 ==> Ne jamais faire ce que tu n'as pas envie de faire, Règle 2 ==> Dans la mesure du possible, toujours faire ce que tu as envie de faire.

Mais ici, c'est une toute autre Règle de la Vie que je vais aborder. J'avoue que ma mémoire poisson-rougesque m'en a fait oublier le numéro. Il me semble que c'était la quatrième, mais je n'en ai plus la certitude. Bref, son contenu est plus important que son numéro, alors on y va :

"Dans les relations amoureuses ou les relations d'attraction, même les élans les plus flagrants et visibles de tous passeront la plupart du temps inaperçus aux yeux de la personne à qui ils sont destinés"

Prenez le temps de la relire et d'y réfléchir. Très fortement liée dans son concept au principe comme quoi souvent un(e) homo/bisexuel qui ne s'assume pas ne s'en rends pas compte alors que tout son entourage est au courant, il est indéniable que souvent même le plus perceptif des garçons, même la plus Sherlockienne des filles, ont tendance à rester totalement aveugle aux gestes et attentions passionnés de toute personne leur vouant un quelconque intérêt.

Combien de fois avec vous remarqué que votre ami Bob bavait à longueur de journée (et de nuit, probablement) sur votre copine Charlotte. Vos autres amis et vous en parlez souvent autour d'un café. Parfois, vous en parlez même avec Bob, qui, la mine mi-déconfite, mi-rêveuse, vous explique combien Charlotte est merveilleuse et combien il est de toutes façons logiquement, mathématiquement, physiologiquement, philosophiquement, religieusement, physiquement, durassahécrilament IMPOSSIBLE qu'elle s'intéresse ne serait-ce qu'une minute à lui.

Même les amies de Charlotte ne sont pas dupes non plus. Elle se mettent à glousser en voyant Bob bafouiller devant leur amie, elles en parlent entre elles en se disant combien Bob ferait mieux de lâcher l'affaire, et en se demandant pourquoi (et comment !) Charlotte passe parfois du temps avec ce nâââââze. Les discussions entre copines-de-Charlotte et copains-de-Bob à ce sujet peuvent d'ailleurs s'envenimer, parfois... ou au contraire créer de nouvelles relations poussant sur un tronc commun.

Mais Charlotte, elle ? Charlotte reste aveugle. Même si Bob rougit systématiquement devant elle, s'il a du mal à trouver ses mots, s'il la couvre d'attention, Charlotte ne se rendra compte de rien. Même si ses copines (celles du dessus) lui en parlent, elle se contentera probablement d'en rire ou de dire un "mais noooooooon vous vous faites des idées". Cet effet est encore décuplé si par un heureux hazard, Charlotte éprouve elle aussi un peu d'intérêt envers Bob. Combien de couples sont ainsi morts dans l'oeuf sans intervention extérieure ? Trop.

Ce n'est probablement pas la première fois que je dis cela, mais tout serait tellement plus simple si tout le monde, absolument tout le monde pouvait lire dans les pensées d'autrui comme dans un livre ouvert et vice versa. Plus d'hypocrisie entre les gens, plus d'illusions bercées pendant trop de temps, et surtout plus de temps perdu. Un jour, oh oui un jour, je ferai construire et je commercialiserai mon concept du multi-bipper "tu me plais". Un jour...

En attendant, comme tous les autres êtres humains, j'avance sans bipper et sans lecture de pensées. Ce qui, en directe conséquence, a le don de monopoliser les miennes...

La citation du jour : "Je suis chez mon père, j'ai pas ma carte d'électeur et en plus c'est trop le bordel pour se garer !"
La chanson du jour : Yes, I am blind, Morrissey, "Yes, I am blind, No, I can't see, There must be something Horribly wrong with me ?"

Même si l'amour est myope, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 24.5.07***

La fin d'une époque

La fin de l'année approche, et pour certains elle approche plus vite que d'autres. La plupart de mes élèves de deuxième année on déjà passé leurs écrits, et leurs cours se limitent maintenant à des préparations (facultatives) aux oraux, et du temps passé en salle informatique pour finaliser leurs dossiers. Pour beaucoup d'étudiants de MUC et AG, l'anglais sous toutes ses formes étant une torture assimilable, pour l'image, à une bonne rasade cul-sec d'huile de vidange, je me retrouve souvent avec des cours désertés ou avec 4 ou 5 volontaires qui veulent encore s'entrainer (bizarrement, pour la plupart, ce sont d'ailleurs ceux qui sont déjà capables d'avoir un bon 15 à l'oral d'anglais, et donc dans un sens ceux qui ont le moins besoin de ces entrainements mais bon... Le monde sera toujours divisé entre ceux qui se rendent compte des enjeux, et les autres ^^).

Mais la fin de l'année approche aussi pour les premières années. Moins de deux mois maintenant, et une semaine seulement pour la classe que j'ai emmené à London (ils partent en stage début juin). Couplé à une semaine de BTS blancs la semaine prochaine, hier était donc mon dernier cours avec cette classe assez particulière, et l'occasion pour votre baron favori de se remettre un peu en question et de passer en phase introspective.

Il est clair que cette classe n'était pas comme les autres classes. C'était d'ailleurs l'une des deux seules classes avec qui j'avais cours chaque semaine. Dans un sens, c'était ma première "vraie" classe -et d'ailleurs l'une des seules où j'ai mémorisé sans efforts tous les prénoms-. Presque comme une classe-test, j'ai appris beaucoup de choses avec eux. Des choses qui fonctionnent, et d'autres qui tombent à plat. J'ai eu des grands bonheurs, et de grandes déceptions. Avec certains élèves, j'ai tissé des liens particuliers, et il est d'ailleurs prévu que je garde contact avec certains dans un cadre non pédagogique. Avec d'autres, j'ai *cru* tisser des liens particuliers, mais j'ai un peu déchanté depuis un mois ou deux, et je pense que certains oublieront jusqu'à mon nom dans 10 jours. Déceptions. Mais bon, c'est l'apanage de tout prof. La situation est juste un petit peu plus difficile à vivre pour moi parce que c'est ma première année, parce qu'on a très peu de différence d'age, et parce que je suis un gros idiot de bisounours, parfois. Souvent. Bref.

En tout cas ce dernier cours (cours chiantissime au possible, d'ailleurs, une fin dans un vieux "plop" de pétard mouillé) marque pour moi la fin d'une époque. Je ne sais pas encore si je serai dans le centre de formation l'an prochain. Je veux rester, et ma responsable veut que je reste, mais il y a toute une tripotée de facteurs qui viennent brouiller la donne, et je suis encore indécis et dans le flou. Wait & see. La fin d'une époque, les regards étonnés lors des premiers cours face à mon ton non-conventionnel, les petits délires récurrents et les bâches en tout genre, illusions et désillusions, mauvaises surprises, bonnes surprises, London inoubliable, retour de London et d'autres déceptions, et les visages qui changent, encore, et redécouvrir combien j'ai pu être aveugle, dans le mauvais sens, mais aussi, parfois, dans le bon.

La fin d'une époque pour moi. Indifférence ou réelle tristesse parfois pour eux. Mais quoi qu'il advienne, un nouveau départ.

La citation du jour : "Et si tu crois que tes élèves seront tristes, tu te fous le doigt dans l'oeil, jusqu'a l'aorte"
La chanson du jour : SOS d'un terrien en détresse, Starmania (Daniel Balavoine), "J'ai toujours confondu la vie avec les bandes dessinées"

Même si je suis rempli d'incertitudes, la vie est belle!

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***Article(s) en date du 4.3.07***

Des mots, des maux, des larmes, et des impostures

Qu'il soit officiellement noté que je suis un professeur sadique, j'en ai la preuve, j'ai fait pleurer une élève. Deux fois. Elle avait aussi, apparemment, un sourire aux lèvres. Car en plus d'être sadique, je suis aussi un paradoxe. Bon anniversaire.

Sur un tout autre registre, on dit souvent (et c'est un fait avéré, puisque même moi, je le dis souvent) que le niveau moyen de la culture des individus semble baisser progressivement et de plus en plus inexorablement vers un marasme fadasse de néant cérébral. A part quelques valeurs sûres et toujours à la mode comme Baudelaire ou Rimbaud, les nouvelles générations (et même la mienne, fichtre !) semblent plus préoccupés par la dernière liposuccion de Lorie que par le séisme qu'à causé "Les Bienveillantes" dans le paysage littéraire.

Néanmoins, l'une des constantes de la dé-culturisation est la politique de l'autruche qui consiste à faire semblant d'être cultivé face à ce vide abysmal. L'avantage, c'est qu'entre gens absolument pas cultivés, le jeu de miroirs de l'imposture peut se renforcer de ce reflet de reflet, comme une mise en abîme, et le terme sémantique de cette expression n'a jamais été plus à propos que dans ce cas là.

Malgré le développement de la télé à toute heure et l'illetrisme grandissant, la lecture demeure apparemment néanmoins une valeur sûre pour faire semblant d'être cultivé. Selon une étude récente, par exemple, un britannique sur trois avoue avoir déjà menti et prétendu avoir lu tel ou tel livre pour paraître plus intelligent ou cultivé. C'est probablement pour cela que même en France, si parler de ses lectures est toujours vaguement à la mode, parler de leur contenu est un sujet tabou. En effet, on n'est jamais à l'abri d'un Morrissey dans l'âme ("you claim these words as your own but I've read well...") ou, gasp, d'un VRAI lecteur. Quel embarras, lorsqu'on vient de prétendre lors d'une soirée semi-mondaine avoir relu le Rouge et le Noir pour faire bien, de se voir demander son opinion des actes de madame de Rênal et de n'avoir qu'un "Qui ça ?" ou un "Hein ?" disgrâcieux à répondre. Ou le silence gêné après avoir affirmé que Flaubert était fort inspiré en écrivant ce livre.

(Note aux quelques gens ayant du mal avec les livres qui seraient arrivés ici par hazard, si la phrase précédente est censé faire sourire, c'est que c'est Stendhal et non Flaubert qui a écrit le Rouge et le Noir. Non, ce n'est pas non plus Jeanne Mas)

La mode du faux se répands donc en tirant avantage de la vacuité culturelle ambiante. Après les années 80 et leurs fausses blondes platines, les années 90 et leurs faux seins siliconés, bienvenue au XXIeme siècle, grand maître des faux lecteurs et de la fausse culture.

Mais je crois que le plus effarant (ou inquiétant, pour ces fous parmi vous qui nourrissent encore vainement en leur sein quelque espoir vis à vis de la nature humaine) c'est que même le faux lecteur et sa fausse culture subissent AUSSI un nivellement par le bas. Sans rire. Voici le top 10 des livres qu'on a fait semblant de lire, selon une étude anglaise :

1. The Lord of the Rings – J.R.R Tolkien
2. War and Peace – Leo Tolstoy
3. Wuthering Heights – Emily Bronte
4. Men are from Mars, Women are from Venus – John Gray
5. 1984 – George Orwell
6. Harry Potter and the Philosophers Stone – J.K Rowling
7. Great Expectations – Charles Dickens
8. Jane Eyre – Charlotte Bronte
9. The Da Vinci Code – Dan Brown
10. Diary of Anne Frank – Anne Frank

Passons sur Lord of the Rings, qui a mon avis est en première position plus à cause des films que suite à ses qualités littéraires. Oui, il y a clairement des monuments, là dedans, mais franchement ? Da Vinci et Potter... Quel est l'intérêt, pour paraitre cultivé, de faire semblant de lire des mouvements d'effets de mode ? C'est comme si un faussaire cinéphile faisait croire qu'il avait vu le dernier film Pokémon. C'est peut être pour ça que tant de gens en font tout un foin : justement parce qu'ils ne les ont pas lu...

Aparté : une petite conversation et mon coeur qui fond pendant que j'écrivais cette article vous donnent le droit à une citation du jour bonus.

Retour dans le vif du sujet. Cette réflexion apparait dans un contexte pourtant favorable à la lecture. En effet, contrairement à ce que l'on pourrait croire, les ventes annuelles de livres sont actuellement en hausse en France. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour les éditeurs et les nombreux, très nombreux jeunes auteurs (c'est Beigbeder qui disais que la France était ce pays paradoxal où il y avait presque un auteur par lecteur). Mais on est en droit de s'interroger sur l'avenir de ces livres. J'explique, en m'appuyant sur un exemple que je connais sur le bout des doigts : moi.

Je suis pour ma part ce qu'on pourrait appeler un gros lecteur. Et je ne parle pas de mon poids, mais plutôt de mon débit. En petite forme et débordé de boulot, je lis un livre par semaine. Quand j'ai un peu moins de travail, je monte à trois voire quatre. Sans compter les comics et les blogs, mais c'est un autre sujet. Je suis, de plus, un collectionneur/acheteur compulsif de livres. Souvent, j'ai une envie, aussi pressante qu'une envie de sexe, de lire telle ou telle oeuvre, tel ou tel auteur. Comme je fais peu de shopping, mes excursions dans les librairies se transforment souvent en véritables raids desquels je ressors avec cinq à dix livres sous le bras. Et parfois, le temps d'en lire une partie, le désir pressant s'efface, et l'un ou l'autre des sandouiches de pages termine temporairement son parcours sur une étagère, dans la fraicheur virginale d'un livre non lu, et rejoins le club privé des livres-a-lire-en-retard sur mes étagères. Ces derniers finissent toujours par être lus, mais en général ils se feront "doubler" par une nouvelle envie pressante et un nouveau raid en librairie.

J'ai donc en permanence chez moi une étagère spéciale réservée à mes livres en retard, dans laquelle je puise néanmoins régulièrement pour en diminuer l'épaisseur, ou pour faire renaitre l'ancien volcan qu'on croyait trop vieux ("Ah oui ! C'est vrai ! Il fallait absooooooooooooolument que je lise ça !"). Mais face à ce comportement de l'impulsif/compulsif que je suis parfois en termes de lecture, et au vu de ce qui précède, je me demande maintenant si certains livres ne sont pas achetés par certaines personnes dans le but principal, justement, de ne pas être lus, mais plutôt d'être exposés bien en évidence dans une bibliothèque pour impressionner les copains éventuels en visite.

Poussons le vice et la simulation un peu plus loin, toujours en partant du principe que la vacuité culturelle est auto-gérée et croissante, en imaginant la scène où un ami va justement s'extasier devant la bibliothèque.

"Ouah ! Tu as lu les Mémoires d'Outre Tombe de Chateaubriand toi ? Classe ! C'est bien ?"
"QUE-WAAAA ? Tu l'as pas lûûûû ? Hân, mais c'est un incontournââââble !"
"Ah ? Mais, ca parle de quoi ?"
"Bin, tu vois, comment t'expliquer... Hân, je peux pas, c'est trop... trop profond, t'vois, faut le lire, tu comprends ?"
"Ouais, tu me le prête ?"
"Bien sûr !"

Et le virginal ouvrage changera alors de main, passant du statut de livre non lu sur la bibliothèque de l'un à livre non lu sur la bibliothèque de l'autre. Le premier ne s'en rendra probablement pas compte, et le second l'oubliera très vite. Jusqu'à l'arrivée, un jour, d'un troisième compère. Qui en voyant l'ouvrage sur la bibliothèque du second, ne pourra que s'extasier sur sa culture, et s'enquiérir de la valeur de l'ouvrage, pour se voir invariablement répondre...

"QUE-WAAAA ? Tu l'as pas lûûûû ? Hân, mais c'est un incontournââââble !"

La boucle est bouclée, la non-culture aussi. Et quelque part, sur une étagère, un livre pleure des larmes d'encre, espérant un jour être lu. Même dans le monde du papier il y a des gros et des vieilles filles. L'amour des livres, lui, est pourtant bel est bien aveugle.

Lisez.

La citation du jour : "Tu m'as fait pleurer p'tit con"
La citation du jour bonus : "J'avoue, toi aussi"
La chanson du jour : For Emily, Whenever I May Find Her, Simon and Garfunkel, "What a dream I had"

Même si les frontières ne sont pas les mêmes dans mes yeux et les leurs, la vie est belle !

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