***Article(s) en date du 22.12.08***

I comme... Imbu

Avant toutes choses, je profite de cet article pour vous souhaiter de joyeuses fêtes de Yule, et puisque je ne suis pas fermé d'esprit je vous souhaite aussi un joyeux Noël, Hanoukka, Kwanza, et tout ce que vous pouvez avoir envie de fêter.

Imbu, donc. C'est étrange, je pensais que ce mot serait relativement simple à trouver, et pourtant j'ai reçu pas moins de QUARANTE NEUF propositions sur Facebook, toutes erronées.

Pourtant, ce côté imbu de moi, je l'assume complètement et je ne fais pas particulièrement d'efforts pour le cacher. Oui, j'ai une haute, très haute opinion de moi. Principalement (on va rebondir sur ce que j'ai déjà écrit à C comme Culture) parce que si je suis capable de trouver des gens plus doués que moi dans certains domaines (même sans aller jusqu'à l'évidence : le sport, il y a dans tous les domaines je pense quelqu'un de meilleur que moi), je n'ai pas encore rencontré de personne aussi éclectique que moi dans les domaines qu'elle maîtrise un minimum.

Ce qui est très important pour moi, dans ce côté "je m'aime", est la différence entre l'arrogance et la prétention. Je ne pense pas être prétentieux, et m'imaginer des talents que je n'ai pas, ou gonfler artificiellement cette valeur avec du vide. Tu me permettras en cette période de fêtes, festif lecteur, tolérante lectrice, de m'adresser à toi avec des mots du cru : je ne pense pas "péter plus haut que mon cul".

En revanche, je SUIS arrogant et je le sais. Conscient de ma valeur et allergique à l'hypocrisie, je ne maquille pas mes discours d'une fausse modestie que j'ai toujours trouvé déplacée, on se croirait dans le show-biz. Donc, pour filer la métaphore, je "pète exactement à la hauteur de mon cul"... Je suis cultivé et je le sais, donc je ne vais pas faire semblant d'être scotché devant la starac' chaque week-end. J'ai de l'imagination et je le sais, donc je ne vais pas faire semblant d'être une vache à lait. J'ai du vocabulaire et je le sais, donc je ne vais pas me limiter aux mots de deux syllabes, etc.

Mais je pense que la raison la plus forte qui, si elle n'a pas fait naître cette arrogance, l'a néanmoins nourrie et dorlotée est mon mépris de la masse populaire et de ce nivellement par le bas constant qui semble être le mot d'ordre de la société qui est la notre. Je ne comprends pas cette intolérable passivité et cette volonté de sans cesse se contenter du médiocre plutôt que de viser l'excellence, et cette tendance irréfutable à mettre son cerveau en repos. Le mien fonctionne bien, merci. Et tant que les gens continueront à ne pas user le leur, je continuerai à me dresser sur ce piédestal que je me suis construit et à les regarder de là où je suis :

De haut.

La citation du jour : "Pff, ça va être dur, je vais être surveillée par la branche corse de la famille"
La chanson du jour : One caress, Depeche Mode, "Just one caress from you and I'm blessed"

Même s'il ne sera pas forcément simple de s'éclipser, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 13.11.08***

C comme... Culture

Le mot associé à la lettre C me semblait l'un des plus évidents de cet abécédaire. Pourtant, les quelques proches qui ont essayé de le deviner sont TOUS passés à côté... Peut être TROP évident ? J'ai eu le droit à tout, de Communication à Cul à Choucroute en passant par Comédie Café, mais personne n'a été droit vers l'évidence.

Car peut être LE plus gros facteur qui a contribué à la naissance et au développement de mon ton parfois hautain et pédant, et de ma tendance à prendre parfois (souvent) les gens de haut, c'est ma culture. Complexe, profonde et protéiforme.

Pour moi, la culture a commencé par de la contre-culture. Plongé dès ma plus tendre enfance dans les comic-books, j'ai snobé la bande dessinée franco-belge (hormis l'intégrale de Franquin) au profit d'une large dose mensuelle de ces héros américains. Cet amour de lire des comics c'est transformé en amour de lire tout court, d'abord du fantastique étant très jeune, puis des polars (sorti d'Agatha Christie, j'en suis vite revenu), le passage obligé de tout adolescent par Werber et ses fourmis et les poètes maudits du XIXeme, puis les romans sur ma table de chevet sont devenus de "vrais" romans, de Stendhal à Proust en passant par Nabokov. Pourtant, bien que pédant, j'ai toujours trouvé assez artificiel cette classification entre la "vrai" littérature et le reste. Pour moi un livre est bon ou mauvais quel qu'en soit le thème, mais tous font partie de l'étiquette littérature pour peu qu'ils le souhaitent.

Sauf Harry Potter, bien sûr.

Je suis une éponge à culture. C'est absolument indispensable à mon équilibre, principalement parce que dû à ma légendaire mémoire de poisson rouge, je ne sais jamais de quel morceau je vais me souvenir plus d'un an, alors j'en absorbe de plus en plus, et outre les références incontournables --que je relis d'ailleurs assez régulièrement-- ces livres qui sont condamnés à ne jamais être un souvenir précis en moi fusionnent dans un melting pot culturel où viennent se mêler les films, articles, sites Internet et autres bribes de conversation pour former cette masse où je peux toujours trouver une référence ou un point de repère, rarement précis mais toujours pertinent.

Et oui, cette culture, j'en suis fier, justement pour ses mille visages, pour ce mélange entre Salman Rushdie et Batman, entre la prose de Nabokov et le cynisme de Lautréamont, entre la Recherche du Temps Perdu et le dernier story-arc des X-Men, entre le dernier supplément de Dungeons & Dragons et le dernier Beigbeder, entre la précision du dictionnaire de l'Académie Française et le vide éditorial de la Wikipedia. Parce que ces mélanges des genres créent un genre très particulier et très précis :

Le mien.

La citation du jour : "Oui je dois avoir ça... mais il faut que je cherche dans mes cd mp3"
La chanson du jour : Karma Chameleon, Culture Club, "Loving would be easy if your colors were like my dream"

Même si la culture, c'est comme un parachute, quand on n'en a pas, on s'écrase (merci Desproges), la vie est belle !

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***Article(s) en date du 4.3.07***

Des mots, des maux, des larmes, et des impostures

Qu'il soit officiellement noté que je suis un professeur sadique, j'en ai la preuve, j'ai fait pleurer une élève. Deux fois. Elle avait aussi, apparemment, un sourire aux lèvres. Car en plus d'être sadique, je suis aussi un paradoxe. Bon anniversaire.

Sur un tout autre registre, on dit souvent (et c'est un fait avéré, puisque même moi, je le dis souvent) que le niveau moyen de la culture des individus semble baisser progressivement et de plus en plus inexorablement vers un marasme fadasse de néant cérébral. A part quelques valeurs sûres et toujours à la mode comme Baudelaire ou Rimbaud, les nouvelles générations (et même la mienne, fichtre !) semblent plus préoccupés par la dernière liposuccion de Lorie que par le séisme qu'à causé "Les Bienveillantes" dans le paysage littéraire.

Néanmoins, l'une des constantes de la dé-culturisation est la politique de l'autruche qui consiste à faire semblant d'être cultivé face à ce vide abysmal. L'avantage, c'est qu'entre gens absolument pas cultivés, le jeu de miroirs de l'imposture peut se renforcer de ce reflet de reflet, comme une mise en abîme, et le terme sémantique de cette expression n'a jamais été plus à propos que dans ce cas là.

Malgré le développement de la télé à toute heure et l'illetrisme grandissant, la lecture demeure apparemment néanmoins une valeur sûre pour faire semblant d'être cultivé. Selon une étude récente, par exemple, un britannique sur trois avoue avoir déjà menti et prétendu avoir lu tel ou tel livre pour paraître plus intelligent ou cultivé. C'est probablement pour cela que même en France, si parler de ses lectures est toujours vaguement à la mode, parler de leur contenu est un sujet tabou. En effet, on n'est jamais à l'abri d'un Morrissey dans l'âme ("you claim these words as your own but I've read well...") ou, gasp, d'un VRAI lecteur. Quel embarras, lorsqu'on vient de prétendre lors d'une soirée semi-mondaine avoir relu le Rouge et le Noir pour faire bien, de se voir demander son opinion des actes de madame de Rênal et de n'avoir qu'un "Qui ça ?" ou un "Hein ?" disgrâcieux à répondre. Ou le silence gêné après avoir affirmé que Flaubert était fort inspiré en écrivant ce livre.

(Note aux quelques gens ayant du mal avec les livres qui seraient arrivés ici par hazard, si la phrase précédente est censé faire sourire, c'est que c'est Stendhal et non Flaubert qui a écrit le Rouge et le Noir. Non, ce n'est pas non plus Jeanne Mas)

La mode du faux se répands donc en tirant avantage de la vacuité culturelle ambiante. Après les années 80 et leurs fausses blondes platines, les années 90 et leurs faux seins siliconés, bienvenue au XXIeme siècle, grand maître des faux lecteurs et de la fausse culture.

Mais je crois que le plus effarant (ou inquiétant, pour ces fous parmi vous qui nourrissent encore vainement en leur sein quelque espoir vis à vis de la nature humaine) c'est que même le faux lecteur et sa fausse culture subissent AUSSI un nivellement par le bas. Sans rire. Voici le top 10 des livres qu'on a fait semblant de lire, selon une étude anglaise :

1. The Lord of the Rings – J.R.R Tolkien
2. War and Peace – Leo Tolstoy
3. Wuthering Heights – Emily Bronte
4. Men are from Mars, Women are from Venus – John Gray
5. 1984 – George Orwell
6. Harry Potter and the Philosophers Stone – J.K Rowling
7. Great Expectations – Charles Dickens
8. Jane Eyre – Charlotte Bronte
9. The Da Vinci Code – Dan Brown
10. Diary of Anne Frank – Anne Frank

Passons sur Lord of the Rings, qui a mon avis est en première position plus à cause des films que suite à ses qualités littéraires. Oui, il y a clairement des monuments, là dedans, mais franchement ? Da Vinci et Potter... Quel est l'intérêt, pour paraitre cultivé, de faire semblant de lire des mouvements d'effets de mode ? C'est comme si un faussaire cinéphile faisait croire qu'il avait vu le dernier film Pokémon. C'est peut être pour ça que tant de gens en font tout un foin : justement parce qu'ils ne les ont pas lu...

Aparté : une petite conversation et mon coeur qui fond pendant que j'écrivais cette article vous donnent le droit à une citation du jour bonus.

Retour dans le vif du sujet. Cette réflexion apparait dans un contexte pourtant favorable à la lecture. En effet, contrairement à ce que l'on pourrait croire, les ventes annuelles de livres sont actuellement en hausse en France. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour les éditeurs et les nombreux, très nombreux jeunes auteurs (c'est Beigbeder qui disais que la France était ce pays paradoxal où il y avait presque un auteur par lecteur). Mais on est en droit de s'interroger sur l'avenir de ces livres. J'explique, en m'appuyant sur un exemple que je connais sur le bout des doigts : moi.

Je suis pour ma part ce qu'on pourrait appeler un gros lecteur. Et je ne parle pas de mon poids, mais plutôt de mon débit. En petite forme et débordé de boulot, je lis un livre par semaine. Quand j'ai un peu moins de travail, je monte à trois voire quatre. Sans compter les comics et les blogs, mais c'est un autre sujet. Je suis, de plus, un collectionneur/acheteur compulsif de livres. Souvent, j'ai une envie, aussi pressante qu'une envie de sexe, de lire telle ou telle oeuvre, tel ou tel auteur. Comme je fais peu de shopping, mes excursions dans les librairies se transforment souvent en véritables raids desquels je ressors avec cinq à dix livres sous le bras. Et parfois, le temps d'en lire une partie, le désir pressant s'efface, et l'un ou l'autre des sandouiches de pages termine temporairement son parcours sur une étagère, dans la fraicheur virginale d'un livre non lu, et rejoins le club privé des livres-a-lire-en-retard sur mes étagères. Ces derniers finissent toujours par être lus, mais en général ils se feront "doubler" par une nouvelle envie pressante et un nouveau raid en librairie.

J'ai donc en permanence chez moi une étagère spéciale réservée à mes livres en retard, dans laquelle je puise néanmoins régulièrement pour en diminuer l'épaisseur, ou pour faire renaitre l'ancien volcan qu'on croyait trop vieux ("Ah oui ! C'est vrai ! Il fallait absooooooooooooolument que je lise ça !"). Mais face à ce comportement de l'impulsif/compulsif que je suis parfois en termes de lecture, et au vu de ce qui précède, je me demande maintenant si certains livres ne sont pas achetés par certaines personnes dans le but principal, justement, de ne pas être lus, mais plutôt d'être exposés bien en évidence dans une bibliothèque pour impressionner les copains éventuels en visite.

Poussons le vice et la simulation un peu plus loin, toujours en partant du principe que la vacuité culturelle est auto-gérée et croissante, en imaginant la scène où un ami va justement s'extasier devant la bibliothèque.

"Ouah ! Tu as lu les Mémoires d'Outre Tombe de Chateaubriand toi ? Classe ! C'est bien ?"
"QUE-WAAAA ? Tu l'as pas lûûûû ? Hân, mais c'est un incontournââââble !"
"Ah ? Mais, ca parle de quoi ?"
"Bin, tu vois, comment t'expliquer... Hân, je peux pas, c'est trop... trop profond, t'vois, faut le lire, tu comprends ?"
"Ouais, tu me le prête ?"
"Bien sûr !"

Et le virginal ouvrage changera alors de main, passant du statut de livre non lu sur la bibliothèque de l'un à livre non lu sur la bibliothèque de l'autre. Le premier ne s'en rendra probablement pas compte, et le second l'oubliera très vite. Jusqu'à l'arrivée, un jour, d'un troisième compère. Qui en voyant l'ouvrage sur la bibliothèque du second, ne pourra que s'extasier sur sa culture, et s'enquiérir de la valeur de l'ouvrage, pour se voir invariablement répondre...

"QUE-WAAAA ? Tu l'as pas lûûûû ? Hân, mais c'est un incontournââââble !"

La boucle est bouclée, la non-culture aussi. Et quelque part, sur une étagère, un livre pleure des larmes d'encre, espérant un jour être lu. Même dans le monde du papier il y a des gros et des vieilles filles. L'amour des livres, lui, est pourtant bel est bien aveugle.

Lisez.

La citation du jour : "Tu m'as fait pleurer p'tit con"
La citation du jour bonus : "J'avoue, toi aussi"
La chanson du jour : For Emily, Whenever I May Find Her, Simon and Garfunkel, "What a dream I had"

Même si les frontières ne sont pas les mêmes dans mes yeux et les leurs, la vie est belle !

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