***Article(s) en date du 1.4.10***

Un plus un = ? ! ?

Fidèle lecteur, sensuelle lectrice, je vais te demander de t’asseoir.

Si, si, sans déconner, assied-toi, surtout si tu me connais dans la vraie vie, parce que là, franchement, ça va te faire un choc, moi même depuis que j’ai appris la nouvelle il y a quelques heures je ne tiens plus en place et pourtant j’ai du coton dans les jambes et je suis physiquement incapable de me mouvoir… D’où cet article, quitte à être vissé sur ma chaise devant le PC, autant que ça serve, et j’en profite pour te partager la bonne nouvelle.

Puisque tu viens ici souvent ou que tu m’as dans tes flux RSS, cher lecteur, régulière lectrice, tu dois savoir que depuis un peu plus d’un mois maintenant j’ai rencontré (ou plutôt retrouvé) une demoiselle merveilleuse avec qui je vis une histoire d’amour fabuleusement intense et incroyable. Oui, je te vois venir, mesquin lecteur, médisante lectrice, tu vas même me dire que BIEN SÛR que tu es au courant vu que ça fait un mois que je ne parle plus que de cela ici (et sur Twitter c’est à peu près pareil, même si je me force à être plus soft et à dire quand même d’autres choses).

Cet article ne dérogera pas à la règle, puisque nous venons maintenant de franchir une nouvelle étape dans la dimension totalement improbable de notre histoire à deux.

Lecteur d’origine, lectrice des débuts, tu sais depuis que tu suis mes frasques en ces lieux que j’ai toujours voulu avoir deux petite filles (jumelles, de préférence, mais pas siamoises comme les sœurs Evelyn Evelyn dont le premier album vient de sortir en CD et en téléchargement légal, et qui est juste génial, fin de parenthèse). Néanmoins, si tu fais partie de mes intimes, tu sais également que depuis mi 2009, avec beaucoup de recul et presque à contrecœur, je m’étais fait à l’idée qu’il me fallait tourner la page sur ce projet.

En effet, j’avais prévu de vous prévenir, dans un article de blog intitulé « lettre à ma fille », mais mes larmes incessantes à chaque fois que j’y travaille m’ont empêché jusqu’à présent d’en venir à bout. Pourquoi avais-je décidé de ne plus vouloir d’enfants ? Outre le fait que jusqu’en 2009, la seule personne avec qui j’avais voulu en avoir en était physiquement incapable (enfin disons qu’une grossesse serait très dangereuse pour elle et sa santé), même l’idée de « louer » une mère porteuse au Royaume Uni ne me semblait plus si rose. En prenant en compte la quantité énorme de temps requise pour BIEN l’éduquer, un sacrifice que je ne me sentais plus forcément prêt à faire, j’avoue que l’évolution du monde qui devient de plus en plus gris, moche, sale, violent et policé ne me donnait plus la force de chercher volontairement à imposer cela à une petite gosse qui n’avait rien demandé de tout ça, et que du coup les souffrances à venir qu’elle aurait eu à subir étaient cruelles face à mon bonheur et ce désir somme toute assez égoïste d’avoir une mini-moi. Oui, j’en étais devenu convaincu qu’au XXIème siècle, tout parent volontaire était un sale égoïste qui pensait plus à lui qu’au véritable bonheur de ses futurs enfants.

Et puis alors que celle « lettre à ma fille » restait encore en jachère, Sophie est arrivée dans ma vie. Je ne vais pas recommencer à te dire tout le bonheur qu’elle m’apporte, après tout tu n’as qu’à lire les quelques articles qui précèdent celui ci. Mais vois tu, je me vois forcé de t’en parler, car elle est inéluctablement liée à la nouvelle que j’ai à t’annoncer, et que tu as dû sans doute déjà deviner si tu as un tant soit peu de jugeote, malin lecteur, futée lectrice.

Vois tu, nous avons eu un petit « accident » pendant nos premières étreintes. Peut être trop d’empressement, peut être l’accessoire indispensable de tout jeune couple raisonnable et responsable a t’il été mal enfilé ou mal mis, peut être trop grisés par le fait d’être enfin l’un et l’autre et ne faire qu’un, bref… disons qu’il n’y a pas que les protections émotives que j’avais mis autour de mon cœur qui se sont déchirées ce soir là.

Comme l’accident à eu lieu en plein milieu de notre seconde étreinte, sur le coup, nous ne nous sommes pas inquiétés, nous avons remplacé le dit accessoire indispensable, et continué à nous serrer comme si de rien était. Eh bien, les lois de la biologie nous ont rattrapés, et je suppose qu’il devait rester sur moi quelques « restes » de notre première étreinte, et que les quelques secondes ont été suffisantes.

Il y a quelques heures, Sophie m’a appelé pour me prévenir qu’elle avait fait un test suite à un léger « retard ». Un test qui s’est avéré positif.

Tu vois, je t’avais dit que tu étais mieux assis, incrédule lecteur, béate lectrice.

Nous avons passé un peu plus d’une heure au téléphone à en parler. C’est bien évidemment totalement imprévu, pour elle comme pour moi. Cela fait un mois, un mois seulement que nous sommes ensemble, et cette nouvelle nous tombe dessus sans prévenir. Et pourtant, pourtant depuis le début de cette relation, nous sommes elle et moi assaillis de « signes » dans chacun de nos faits et gestes, comme si la vie, l’univers et le reste cherchaient à nous dire qu’ils approuvaient cette histoire naissante. Et finalement, nous nous sommes rendus à l’évidence : elle en voulait autant que moi, malgré le timing assez soudain et précipité.

On la garde.

« La » parce qu’il est absolument impossible que ce soit autre chose qu’une fille, cela fait des années que mes spermatozoïdes porteurs du gêne Y sont entrainés à se suicider dès leur naissance. Maud va donc avoir une petite cousine, et pourra lui dire que le boudin c’est pas bon à manger. Et moi…

Moi ?

Je vais être papa…

La citation du jour : « Le test était positif, je crois. Enfin, je suis sûre même. Je suis enceinte. »
La chanson du jour : La preuve par trois, Zazie, « Fais la somme de toi et moi et donne moi le résultat »

Même si c’est complètement inattendu comme tout le reste de cette relation, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 29.3.10***

Un vide béant en forme de Sophie…

Cher lecteur, jolie lectrice, si tu vois mes cheveux soyeux devenir gras, ma voix se casser et mon visage barbu se recouvrir d’acné, ne t’inquiète pas : c’est normal. Depuis quelques semaines et le début de mon histoire à la Hugh Grant (cf. le post précédent), j’ai l’impression de retomber en adolescence (ce retour à l’âge ingrat est sponsorisé par les moqueries du chef des sacoches Akibag, des sacoches pour netbook qui roxxent, mais ce lien, lui, n’est pas sponsorisé, c’est juste un coup de pub pour un copain entrepreneur kinenveu). Je souris bêtement – voire niaisement – à chaque message de ma belle, je soupire et je glousse de plaisir quand nous passons du temps ensemble, et j’ai le cœur qui s’emballe comme un jeune premier quand elle me serre dans ses bras de toutes ses forces, comme si chaque atome d’air et de tissus entre sa peau et la mienne était si intolérable que seule la violence de nos étreintes pourrait la compenser.

Je redeviens ado, donc, mais pour mon plus grand bonheur. C’est même presque trop, en fait, cela en frise l’indécence. Outre mon trouble réel et même physique, l’intensité de mes sentiments est si brûlante que j’en ai le tournis et, en toute honnêteté, j’en ai même un peu peur. Fidèle lecteur, régulière lectrice, tu sais combien le mot amour est important pour moi. Tu sais aussi combien j’abhorre l’hypocrisie. En conséquence, je n’ai jamais dit « je t’Aime » sans le penser, et ceux qui usent et abusent de la formule sans en mesurer la force et la portée m’agacent. Du coup, je crois que je n’ai jamais dit « je t’Aime » à qui que se soit sans avoir fréquenté intensivement, voire intimement, la personne en question au moins deux ou trois mois. Minimum. Quand tout se passe bien et que je m'emballe vite.

Bout à bout, j’ai probablement passé moins de 24 heures avec Sophie avant d’en avoir la certitude, avec une conviction si inébranlable qu’elle m’en a donné le vertige.

L’arrivée de mon étoile dans ma vie a complètement chamboulé ma tête. Pas forcément mes convictions profondes sur le sens de la vie, de l’univers, et du reste (42), ni même sur la nature et le fonctionnement du sentiment amoureux mais… En fait, je crois que c’est ma certitude d’avoir « fait le tour » de MON fonctionnement amoureux et émotionnel qui s’est prit un sale coup dans les dents. Avant mars 2010, et depuis près de 10 ans, suite à une loooooooooongue introspection (et à ma reconstruction « post-Magali » pour ceux qui ont un peu suivi ma vie sur le blog ou en privé), j’avais en tête une image nette, précise, et aux contours bien délimités du fonctionnement de mon cœur et de mon rapport à autrui. Et depuis dix ans, absolument chaque relation, qu’elle soit éphémère, amicale ou amoureuse, était rentrée bien tranquillement dans ce cadre, renforçant sa rigidité et mes certitudes alors que je passais de bras en bras.

Et puis il a fallu qu’une jolie blonde fasse voler ce petit cadre en éclat en quelques heures. Et sans violence, sans le vouloir, ni le faire exprès.

Je ne sais pas où je vais. Je ne sais vraiment pas comment gérer ce torrent d’émotions en moi. Moque toi, cynique lecteur, cruelle lectrice, mais j’ai passé une demi heure à pleurer comme un gosse hier soir face à mon incapacité à gérer à la fois ma joie de l’avoir tout contre moi, peau contre peau, et d’entendre ses « je t’Aime » se faire l’écho des miens, et l’intolérable douleur de savoir qu’elle partirait en train quelques heures plus tard, pour ne pas revenir pendant de nombreux jours, révisions de médecine obligent. Ce trop plein d’émotions, intensément euphoriques et violemment insupportables en alternance, a créé comme des montagnes russes dans mes veines. La seule sortie qu’il a trouvé, c’est mon canal lacrymal. Et pourtant je n’étais pas « triste », juste… ému, tout simplement. Je suis seul au moment où j’écris ces lignes, la belle est loin, à travailler, et mon appartement ne m’a jamais semblé aussi vie et morne que depuis qu’elle l’a quitté. Lorsqu’elle y est entré, j’ai remarqué par inadvertance qu’il y avait dans ma vie un creux énorme en forme de Sophie, que j’avais eu la chance d’occulter jusqu’à présent, mais qui se rappelle maintenant douloureusement à moi à chaque seconde où je respire un autre air que celui qui sort de ses lèvres.

Je ne sais pas comment le gérer, disais-je plus haut, alors je ne le « gère » pas. Je me contente de le vivre, au jour le jour, avec pour seule différence avec mon comportement antérieur le fait que maintenant, je regarde un peu devant moi au lieu de ne regarder QUE ce présent qui, pendant de nombreuses années, a été le seul et unique temps qui m’a importé. Ma petite étoile m’a apporté un petit morceau de futur dans ma vie. C’est très inhabituel, mais indubitablement agréable.

Mais je vois que tu commences à te lasser, impatient lecteur, bougonne lectrice, et je vais me forcer à arrêter ici mes mots qui parlent d’elle, de peur de te faire fuir avec des mots peut être un peu plus « bateau » voire « gnan-gnan » qu’à mon habitude. Mais ne m’en veut pas, comme je te l’ai dit, je redeviens un ado, alors pardonne moi cette crise (mais abats moi sans sommation si je me mets à aimer Twilight ou Justin Bieber), et partage un peu avec moi ce bonheur qui déborde de ma tête et mon cœur. Peut être que si je t’en donne un peu, je m’y noierai moins, et je récupèrerai un peu de ma raison… même si, en toute honnêteté, je ne suis même pas certain de vouloir la récupérer.

Je te quitte donc avec un paragraphe très librement inspiré de cet auteur qu’elle n’aime pas et qui a néanmoins un petit peu modelé ma vie (un point baron pour toi, challenger lecteur, joueuse lectrice, si tu trouves le livre et le passage dont je me suis inspiré et que tu me le donnes en commentaire) :

Tout d’un coup il m’est devenu indifférent de ne plus avoir de papillons dans mon lit.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent de ne plus avoir pris de cocaïne depuis deux ans.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent de ne pas être David Bowie.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent de ne pas savoir par cœur le monologue de fin d’American Beauty.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent de ne pas avoir fait l’amour à Evan Rachel Wood.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent de n’avoir pas écrit Lolita à la place de Nabokov.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent d’avoir les cheveux qui ne restent pas lisses.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent qu'une semi-paralysie m’empêche de jouer de la guitare autant qu'avant.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent de n’avoir jamais chanté devant des milliers de gens.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent d’avoir honte de mon dos.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent de ne pas manger.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent de ne pas boire.
Tout d’un coup il m’est devenu indifférent de ne pas mourir.
Tout d’un coup Sophie.

La citation du jour : « Je t’aime »
La chanson du jour : You only want me ‘cause you want my sister, Evelyn Evelyn, « You can’t imagine just how much I miss her »

Même si j’ai l’impression que c’est la première fois que j’en suis si fortement convaincu, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 7.3.10***

Le come back des quatre mariages à Notting hill

Cher lecteur, jolie lectrice,

Tu vas encore m’en vouloir de t’avoir abandonné plus de deux semaines, mais crois moi, j’ai comme toujours de bonnes raisons (et puis si mes raisons ne te plaisent pas, tant pis, je suis numériquement chez moi ici, namého).

Outre le déménagement imminent dans ma nouvelle maison (avec une emphase sur le *MA*, fini la location !), il m’a quand même fallu le temps de prendre un peu de recul sur ce qui m’arrive en ce moment avant de t’en parler. En effet, je vis actuellement une histoire tellement belle et improbable que même les scénaristes les moins crédibles des films de Hugh Grant la trouveraient tirée par les cheveux, et que je m’attends régulièrement par conséquence à voir surgir Ashton Kutcher ou Marcel Béliveau de derrière un coin de pièce avec toute leur équipe de caméras pour me dire que ha ha ha ils m’ont bien eu et j’ai été trop con d’y croire.

Mais non, toujours pas d’Ashton ni de Marcel, alors plus le temps passe, plus j’ose y croire. Méfiant lecteur, sage lectrice, je te sens douter, alors si je reviens vers toi les yeux pleins de larmes dans un mois, je t’autoriserai un « a-HA ! Je te l’avais dit ! »

Il y a un peu moins d’un mois, j’ai été recontacté par une demoiselle que, sans mentir, j’avais croisé genre trois fois dans ma vie, il y a plus de cinq ans, et plus depuis. Facebook, je suis officiellement un peu réconcilié avec toi, même si t’es toujours moins utile que Twitter hein, quand même. Mais promis, j’arrête de dire (trop) de mal de toi jusqu’à nouvel ordre.

Et de cet événement complètement improbable est survenu une suite tout aussi improbable. Des échanges de messages quotidiens, un partage de passions, des points communs mais aussi des différences qui rendent les échanges riches (par exemple, elle n’aime pas du tout Beigbeder…). Et puis la décision de se (re)voir.

Et s’être (re)vus.

Et cette première re-rencontre tout aussi riche d’échanges. Et renouveler cette re-rencontre. Et toujours nos échanges de messages électroniques, perdant un peu du charme des lettres manuscrites que j’envoyais avant l’ère du numérique, mais tellement plus rapides, les seules à même de satisfaire le junkie de ses mots que je deviens. De ses mots tendres, et de ses sourires en lettres.

Oh bien sûr, entre mon emploi du temps de ministre et le sien (nous sommes tous deux abonnés aux semaines de trop d’heures), il n’est pas forcément simple de se voir autant que je le voudrais. Mais cette souffrance est douce et n’est qu’un prix modique à s’acquitter pour ces rencontres, et sa main dans la mienne qui fait baisser ses yeux par pudeur, et change ses lèvres en sourire…

Il m’est impossible de vous décrire ce qui se passe en moi quand je reçois certains de ses mots si doux. C’est moi l’écrivain de métier, et pourtant c’est elle qui trouve sans cesse le mot juste pour m’émouvoir. Elle me vole mon rôle et c’est moi qui suis pendu à ses lettres, et mes propres mots quand je lui écris me semblent fades face aux siens. Et quand je ressens ces papillons dans mon ventre, je sais que je suis en danger, que je baisse ma garde et lui donne les clefs de mon imperméabilité à la souffrance.

Tenir à quelqu’un, c’est lui donner consciemment les moyens de pouvoir vous faire souffrir, et avoir confiance et espoir qu’ils ne seront pas utilisés. J’ai déposé mes armes à ses pieds. Compatissant lecteur, agréable lectrice, partage avec moi l’espoir qu’elle ne me fasse pas souffrir, et que notre histoire continue à être aussi belle, aussi forte, et aussi improbablement douce que celle des personnages de Hugh Grant et des chansons d’Etienne Daho.

Tant qu’on ne touche pas le sol, rien n’est aussi grisant que la chute libre.

Et sa main dans la mienne.



La citation du jour : « Je crois qu'il va me falloir beaucoup de peluches pour compenser tes bras »
La chanson du jour : Au commencement, Etienne Daho, « Depuis la première seconde c'est la magie absolue, je n'attendais vraiment plus personne, j'étais tout seul j'étais perdu… »

Même si baisser ma garde est dangereux, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 14.2.10***

Défendre l'indéfendable

Fidèle lecteur, jolie lectrice, tu vas encore dire que je radote ou que je commence à te gonfler avec ma sacrosainte liberté d’expression, mais bon, vois les choses du bon côté, en ce 14 février la majorité des blogs et des réseaux sociaux va être saturée de messages de Saint Pognon Valentin, donc au moins sur Tears of the Night tu vas y échapper.

Aujourd’hui est un jour sombre. Et non, pas seulement parce que je me suis réveillé seul dans un lit froid. Mais parce que je me suis levé avec une nouvelle provenant d’Outre Atlantique qui m’a mis, littéralement, les larmes aux yeux. Cette semaine, aux Etats Unis, dans la contrée de la liberté d’expression, un homme a été mis en prison pour possession de manga, et je n’arrive toujours pas à l’admettre. Je serais tout autant outré si cela arrivait en France, mais moins « choqué » puisqu’après tout, en France, non seulement cela pourrait arriver (et cela arrive peut être, mais on n’en parle pas, c’est tabou) mais en plus j'ai découvert en faisant des recherches pour l'écriture de cet article que la loi prévoit verbatim que cela puisse arriver (article 227-23 du code pénal, donc, le mot important de la première phrase étant "représentation") (car bien évidemment, la raison pour laquelle monsieur Handley se retrouve en prison est que certains de ces manga mettaient en scène des dessins sexuels avec des animaux animaux, et d’autres des dessins sexuels avec des enfants, il n’a pas été mis en prison parce qu’il collectionnait Naruto ou Dragonball, hein). J’en avais déjà parlé dans mon article précédent sur le sujet, mais on oublie trop vite que la liberté d’expression n’est PAS un droit total en France ou en Europe. Alors que c’est censé être le cas dans l’autre nation avec un drapeau rouge, blanc et bleu (avec des étoiles).

J’apprends cette nouvelle en plein milieu d’un article sur la Loppsi que j’étais en train de vous écrire, clamant combien cette loi était encore plus inacceptable qu’Hadopi, combien on pouvait faire voter n’importe quoi en le masquant derrière un voile de « moralité », et combien l’opinion publique pouvait être naïve. En effet, dans la rue, vous trouverez beaucoup plus de gens approuvant sur le principe le blocage de sites pédopornographiques que de gens approuvant les lettres recommandées envoyées aux voleurs de musique. Et pourtant c’est pire : non seulement cela « renforce » les systèmes de cryptage des vrais cyber criminels qui abusent de pauvres gosses, non seulement l’expérience allemande en a prouvé l’inefficacité, non seulement cela entraine des dommages collatéraux comme l’anecdote célèbre des Scorpions et de Wikipedia, mais surtout c’est une mesure poudre aux yeux dont la seule conséquence sera de rendre ces crimes moins visibles et identifiables par les gens qui les combattent VRAIMENT (vous savez, la police, tout ça…) avec un impact réel stupide. Croire que retirer les sites vitrine pédopornographiques sur Internet va protéger les gosses victimes de tels abus, c’est un peu croire que la guerre s’arrête dans le monde quand on n'en voit pas les images au journal télé.

Bref, la Loppsi, il y a beaucoup à en dire, mais je m’arrêterai là sur le détail (au pire vous avez le net si le sujet vous intéresse, sinon vous ne seriez pas en train de me lire) mais surtout parce que l’affaire Handley illustre à merveille ce point de vue. Alors où se situe la moralité, et pourquoi est-il essentiel de se battre pour les droits de telles personnes ? La réponse a déjà été écrite, de manière bien plus complète et éloquente que ce que je n’aurais pu le faire, il y a des mois déjà au début de cette affaire par le célèbre écrivain britannique vivant aux Etats Unis, icône de la contreculture, Neil Gaiman, sur son blog. Je vous invite à lire son article très pertinent sur le sujet. Pour ceux d’entre vous qui ne sont pas anglophones, je me permet d’en proposer ici une traduction intégrale en français. Le but n’est en aucun cas de remettre son droit d’auteur en cause mais simplement de rendre accessible à un plus grand nombre cette démonstration brillante du caractère essentiel de la défense de l’indéfendable au nom de la liberté d’expression.

*****

Pourquoi défendre la liberté d’expression dégueulasse?

Ce message va être un peu long, et je m’en excuse. Je voulais parler d’autres choses, mais j’ai commence à écrire une réponse à la lettre ci-dessous ce matin et je me suis laissé emporter.

« J’ai des questions au sujet du cas Handley. En quoi est-ce que le lolicon est une cause qui mérite d’être défendue ? Le Yaoi, tel que je le comprends, n’implique pas forcément de la pédophilie, mais le but du lolicon est bien de sexualiser des filles pré pubères, non ? Et n’y a t’il pas eu des tonnes d’études psychologiques sérieuses pour avancer que si une personne trouve une communauté de soutien pour un fetish, une croyance ou un comportement, il est plus probable qu’elle s’y adonne ? C’est pour ça que les mouvements sociaux sont si importants pour les groupes opprimés ou non conventionnels (ce qui englobe tout depuis la communauté fetish jusqu’au libertarisme de l’économie de marché) et pour cela aussi qu’un groupe comme NAMBLA peut être si effrayant (en gros, c’est un groupe de soutien pour les violeurs de bébés.)

Pour moi, la question est de savoir si le fait de sauver ne serait-ce qu’UN enfant d’un viol ou d’une tentative de viol, ou même d’un peu trop de câlins trop serrés du Bizarre Tonton Marcel, ne justifie t’il pas le fait de retirer une poignée de corps nus d’un comic book ? Après tout, il est absolument possible de sous-entendre ou de discuter de ces problèmes (par exemple si quelqu’un perd sa virginité à 14 ans et décide d’écrire un comic book là dessus) sans nécessairement mettre une bonne grosse image d’un boulet de 14 ans en train de se faire pénétrer en guise d’illustration. Je pense aussi qu’il y a un monde de différence entre l’histoire de Sandman qui illustre le viol d’une enfant comme la chose horrible qu’elle est (et si je ne m’abuse qui se termine avec une mort horrible pour le pervers) et le fait d’illustrer le viol d’enfants comme quelque chose de sexy et d’excitant. Je pense qu’il y a également une différence entre admettre la sexualité des enfants, et de la pornographie avec des enfants comme thème créée pour des adultes. Où se situe le lolicon dans cet éventail de cas ? Et, là encore, pourquoi est-ce que vous, personnellement, pensez qu’il doit être défendu ?

Merci d’avoir lu ma tirade, et de nous être accessible, et engagé dans des causes comme le CBLDF. Je pense que c’est en grande partie une organisation fabuleuse, mais sur ce cas précis je suis vraiment tiraillée.

Jess »


Voyons si je peux soulager un peu ce tiraillement, Jess. J’ai bien peur que cela va être une réponse un peu longue, voire une tirade – un credo, et comment je suis arrivé à penser cela.

Si vous acceptez – comme moi – que la liberté d’expression est importante, alors il va vous falloir défendre l’indéfendable. Cela veut dire que vous allez devoir défendre le droit des gens de lire, ou d’écrire, ou de dire les choses que vous ne dites pas, ou n’aimez pas, ou ne voulez pas qu’on dise.

La Loi est une énorme massue qui ne fait pas et ne fera pas de distinctions entre ce que vous estimez acceptable et inacceptable. La Loi est ainsi faite.

Les gens qui créent de l’art découvrent où se trouvent les limites d’une expression libre en les dépassant et en ayant des problèmes.

LOST GIRLS, par Melinda Gebbie et Alan Moore est long de plusieurs centaines de pages. J’ai posté ici une critique complète que j’ai écrite pour Publishers Weekly (NdT : lien en anglais). Pour décrire Lost Girls j’ai dit :

« La frontière entre la pornographie et l’érotisme est ambiguë, et elle change en fonction de l’endroit où l’on se trouve. Pour certains, peut être, c’est une question de savoir ce qui vous excite (mon érotisme, votre pornographie), pour certains la distinction est un facteur de classe (c.-à-d. l’érotisme c’est de la pornographie pour les riches). Peut être qu’il y a également un facteur lié à sa distribution – la pornographie sur internet c’est forcément du porno, alors qu’une publication Edwardienne sur un papier couleur crème achetée par des connaisseurs et reliée en volumes hors de prix, c’est forcément de l’érotisme.

Et plus loin, spécifiquement sur Lost Girls, j’ai dit :

C’est le genre de porno qui n’aurait aucun mal à démontrer à un procureur zélé qu’il a une validité artistique indéniable dépassant largement son simple droit d’exister grâce au premier amendement. »

(Ce qui est le genre de choses qu’on écrit dans une critique en soupçonnant que son but réel, un jour ultérieur, soit de persuader un procureur que l’affaire est déjà perdue et que ça ne vaut pas la peine de s’embêter avec.)

Dans les nombreuses permutations de Lost Girls sur le thème de la sexualité, il y a un peu de contenu mettant en scène des personnages de fiction en dessous de l’âge actuel de la majorité sexuelle. Après tout, c’est une histoire dont le sujet est l’éveil de la sexualité, et nous sommes peu nombreux à s’éveiller à cela exactement le jour de notre dix-huitième anniversaire (ou autre en fonction de l’âge de la majorité sexuelle dans votre pays (NdT : quinze ans en France, article 227-25 du code pénal)). On finit per se retrouver à lire un livre dans le livre, une fantaisie à la Beardsley où les personnages de fiction discutent du fait qu’ils sont des lignes tracées sur le papier, des fantasmes métafictionnels, en s'adonnant à des rapports sexuels incestueux entre mineurs. C’est de l’art, et c’est génial, et c’est profondément problématique, et ça vous fait réfléchir sur la nature du porno et la nature de l’art, et sur là où se trouvent les limites.

La Loi est une grosse massue. Ce n’est pas un scalpel. C’est un gourdin. S’il y a quelque chose que vous estimez indéfendable, et qu’il y a quelque chose que vous estimez digne d’être défendu, et qu’une même loi a le pouvoir de les interdire tous les deux, alors vous allez être dans une position où vous allez défendre l’indéfendable.

Je suis né le jour du jugement du procès de Lady Chatterley en Angleterre, le jour où il a été décidé que L’amant de lady Chatterley, avec ses jurons, sa sodomie, et son sexe cru entre les classes sociales, était digne d’être publié et lu dans une édition bon marché que les pauvres et les serviteurs pourraient lire. Dans cette même Angleterre où, quelques années auparavant, le director of public prosecutions (NdT : un genre de Garde des Sceaux) avait menacé de poursuivre le Professeur F.R. Leavis s’il faisait ne serait-ce qu’une référence au Ulysse de James Joyce dans un cours magistral (le DPP en question était Archibald Bodkin, qui a également fait interdire Le puits de solitude), cette Angleterre où, alors que j’avais seize ans et que j’écoutais les Sex Pistols, l’éditeur de Gay News a été mis en prison pour le pour le crime de Blasphème Criminel, pour avoir publié un poème érotique contenant un fantasme sur Jésus.

Lorsque j’étais en train d’écrire Sandman, il y a dix-huit ans environ, j’ai pensé que le Marquis de Sade ferait un bon personnage pour mon histoire sur la Révolution Française (j’adorais le fait qu’à cette époque il était gros, asthmatique et en prison pour avoir refusé de condamner des gens à mort) et j’ai réalisé que je devrais lire ses livres plutôt que des études critiques si j’allais le mettre dans mon histoire. J’ai découvert que les œuvres de De Sade étaient, à l’époque, considérées comme obscènes et non-disponibles au Royaume Uni, et que les Douanes britanniques les avaient déclarées non-importables. Je les ai achetées chez Borders la fois suivante où j’ai été aux USA, et je les ai fait passer à la douane avec un air coupable (il est maintenant possible de commander De Sade au Royaume Uni. L’arrivée du porno sur internet au RU a eu comme conséquence que la police a cessé de courir après ce genre de choses.)

La première fois où je me suis impliqué dans une levée de fonds pour la liberté d’expression dans les comic books c’était fin 1983, début 1984 – Knockabout Comics était en plein dans l’une des batailles fréquentes les opposant aux Douanes britanniques sur ce qui pouvait et ne pouvait pas être importé au RU. Certains comics contenaient des gros mots, du sexe, ou l’usage de marijuana, et les Douanes britanniques saisissaient tout comic book auxquels ils s’opposaient, et souvent bien d’autres comics dans le même colis, forçant Knockabout à se battre dans de longues et onéreuses batailles judiciaires pour récupérer leurs comics. (Je me souviens de l’outrage lorsqu’en 1996 Knockabout a importé quelques livres de Robert Crumb pour illustrer un grand documentaire de BBC TV sur Crumb et que les Douanes britanniques ont confisqué les livres, créant une nouvelle affaire judiciaire. Je suis presque sûr qu’il s’agissait d’œuvres autobiographiques de Crumb contenant des dessins de fantasmes sexuels mettant des mineurs en scène. Comme Tony Bennett de Knockabout l’a dit dans une interview récente, « L’autre affaire était avec les Douanes de Sa Majesté en 1996 au sujet de comics de Robert Crumb et d’images sexuelles explicites. Nous avons également largement gagné ce procès, et les Douanes ont eu l’aimable obligeance de m’écrire après le procès pour m’envoyer une liste définissant quels actes sexuels pouvaient être montrés dans des comics. Je ne l’ai pas encadré, mais c’est un document très précieux. »)

La première fois que j’ai failli envoyer un éditeur en prison pour quelque chose que j’avais écrit était en 1986 ou 1987, dans Outrageous Tales From The Old Testament chez Knockabout (NdT : « Les Histoires Outrancières de l’Ancien Testament ») : j’avais réécrit une histoire du Livre des Juges contenant un viol et un meurtre, et l’affaire a été portée au tribunal pour contrevenir une loi Suédoise sur les représentations d’images de violence contre les femmes. L’affaire a été gagnée lorsque la défense a mis en avant que les mots étaient extraits de l’édition King James de la bible, et que les images étaient une juste représentation de cette scène…

(Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas le Livre des Juges par cœur, voici une version en ligne de la Bible et de la scène qui a causé le procès :

Pendant qu’ils étaient à se réjouir, voici, les hommes de la ville, gens pervers, entourèrent la maison, frappèrent à la porte, et dirent au vieillard, maître de la maison : Fais sortir l’homme qui est entré chez toi, pour que nous le connaissions. (NdT : la version anglaise de la Bible est encore plus explicite : « so we can have sex with him. »)

Le maître de la maison, se présentant à eux, leur dit : Non, mes frères, ne faites pas le mal, je vous prie ; puisque cet homme est entré dans ma maison, ne commettez pas cette infamie. Voici, j’ai une fille vierge, et cet homme a une concubine ; je vous les amènerai dehors ; vous les déshonorerez, et vous leur ferez ce qu’il vous plaira. Mais ne commettez pas sur cet homme une action aussi infâme.

Ces gens ne voulurent point l’écouter. Alors l’homme prit sa concubine, et la leur amena dehors. Ils la connurent, et ils abusèrent d’elle toute la nuit jusqu’au matin ; puis ils la renvoyèrent au lever de l’aurore. Vers le matin, cette femme alla tomber à l’entrée de la maison de l’homme chez qui était son mari, et elle resta là jusqu’au jour.

Et le matin, son mari se leva, ouvrit la porte de la maison, et sortit pour continuer son chemin. Mais voici, la femme, sa concubine, était étendue à l’entrée de la maison, les mains sur le seuil. Il lui dit : Lève-toi, et allons-nous-en. Elle ne répondit pas. Alors le mari la mit sur un âne, et partit pour aller dans sa demeure.

Arrivé chez lui, il prit un couteau, saisit sa concubine, et la coupa membre par membre en douze morceaux, qu’il envoya dans tout le territoire d’Israël.

)

Et dans chaque affaire que j’ai mentionné jusqu’à présent, il serait possible de réécrire la lettre de Jess ci-dessus, en expliquant que seuls les pervers voudraient avoir envie de lire Lady Chatterley, ou voir des images de femmes violées, ou de lire Lost Girls ou les œuvres de Robert Crumb, et en mentionnant que si ne serait-ce qu’une personne était sauvée d’un câlin d’un tonton bizarre ou, en effet, d’être violée en pleine rue, alors les interdire ou faire un procès à ceux qui les écrivent, les dessinent, les publient, les vendent, ou – maintenant – les possèdent, alors cela en vaut la peine. Parce que c’était exactement le point de vue des gens qui interdisaient ces livres ou empêchaient les gens de les lire. Ils pensaient faire quelque chose de bien. Ils pensaient défendre les autres gens contre quelque chose dont ils avaient besoin d’être protégés.

J’ai adoré venir m’installer aux USA en 1992, principalement parce que je suis tombé amoureux de l’idée que la liberté d’expression était une chose essentielle. J’en suis toujours convaincu. En dépit de tous leurs défauts, les USA ont la Liberté d’Expression. Le Premier Amendement déclare qu’on ne peut pas être arrêté pour dire des choses qui ne plaisent pas au gouvernement. Tu peux dire ce que tu veux, écrire ce que tu veux, et savoir que le remède contre quelqu’un qui dit ou qui écrit ou qui montre des choses qui t’offensent est de ne pas le lire, ou de t’exprimer contre. J’aime avoir le droit de lire quoi que ce soit pour m’en faire ma propre opinion.

(Il est bon de signaler qu’au Royaume Uni, par exemple, il n’y a pas de loi similaire, et qui même la Cour Européenne des Droits de l’Homme a statué qu’interférer avec la liberté d’expression était « nécessaire dans une société démocratique » afin de garantir les droits d’autrui « d’être protégé contre les insultes gratuites envers leurs croyances religieuses. »)

Alors lorsque Mike Diana a été mis en examen – et, en 1996, reconnu coupable – pour obscénité dans les comics de son magazine « Boiled Angel », et condamné à une tonne de choses, y compris (si ma mémoire est bonne) trois ans de prison avec sursis, une amende de trois mille dollars, l’interdiction d’être dans la même pièce que quiconque de moins de dix-huit ans, plus de mille heures de travaux d’intérêt général, et l’interdiction de dessiner quoi que ce soit que quiconque pourrait considérer obscène, avec ordre pour la police locale de faire régulièrement des descentes de contrôle à son domicile pendant 24 heures sans prévenir au préalable pour s’assurer que Mike n’était pas secrètement en train de produire de l’Art au petit matin… c’est là que j’ai décidé que je savais ce qui était Obscène : mettre des artistes en examen pour avoir des idées et tracer des lignes sur du papier. J’ai su qu’à partir de ce moment, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour soutenir le Comic Book Legal Defense Fund. Que j’aime ou non, que j’approuve ou non ce que faisait Mike Diana n’avait aucune importance. (Pour les curieux, je n’aimais pas les textes dans Boiled Angel, mais j’aimais bien les dessins, qui étaient très personnels et avaient une force crue. Et quelque part dans ma pile de magazines dans ma collection à la cave, j’ai Boiled Angel numéros 7 et 8, que j’ai lu à l’époque pour savoir ce qui était mis en examen, et pour lesquels je suppose que je pourrais maintenant être arrêté…)

La première fois que le CBLDF a agi pour défendre l’un de mes comics, c’était pour l’insert Death Talks About Life à la fin de DEATH : THE HIGH COST OF LIVING, dans lequel on voit Death mettre un préservatif autour d’une banane en expliquant comment ne pas tomber enceinte, malade, ou mort. La Chef de Police de (si ma mémoire est bonne) Jacksonville en Floride a ordonné à un magasin de comics de ne pas le vendre, parce qu’elle trouvait que c’était obscène et encourageait la sexualité des adolescents. Dans cette affaire, il aura suffi d’une lettre de Burton Joseph, le conseiller en droit du CBLDF, au Poste de Police de Jacksonville pour leur expliquer le concept du Premier Amendement (et, par implication, qu’il existait une organisation toute prête à défendre ce genre d’affaires) et ils se sont tus, partis la queue entre les jambes. (C’est en ça que consiste le plus gros de l’activité du CBLDF – des petites choses tranquilles qui mettent fin aux menaces de procès contre les magasins ou les créateurs.) Du point de vue de la Chef de Police, Death Talks About Life était obscène. Elle voulait le voir retiré des rayons. Elle voulait que les gens en soient protégés.

Dans cette histoire, il est évident que vous avez été exposée à du lolicon, et pas moi. Je ne sais pas si vous parlez d’expérience personnelle ici, et si personnellement vous avez été incitée à violer des enfants où à leur faire des câlins douteux en l’ayant sous les yeux. (Je suppose que ce n’est pas le cas. Je suppose que ce n’est pas le cas non plus pour Chris Handley et son énorme collection de manga. J’ai lu des livres affirmant qu’être exposé à du porno cause des viols, mais je n’ai vu aucune preuve statistique comme quoi le porno cause des viols – et au contraire il y a des gens qui affirment que le déclin du nombre de viol aux USA est peut être dû à la plus grande disponibilité du porno (NdT : lien en anglais). En toute honnêteté, je pense que c’est un faux problème vis à vis du Premier Amendement, et c’est un débat que je laisserai à d’autres.) Néanmoins, vous semblez vouloir interdire le lolicon, et mettre en examen ceux qui en possèdent, alors que moi non. Vous me demandez : En quoi mérite t’il d’être défendu ? et la seule réponse que j’ai à vous offrir c’est ceci : La liberté d’écrire, la liberté de lire, et la liberté de posséder des ouvrages qui méritent d’être défendus à vos yeux impliquent qu’il faut que vous soyez prête à défendre les ouvrages qui selon vous ne le méritent pas, et même des choses que vous trouvez terriblement de mauvais goût, parce que les lois sont de grosses massues qui ne font aucune différence entre ce que vous aimez et ce que vous n’aimez pas, parce que les parties civiles sont des êtres humains et qu’ils ont des rancœurs ou qu’ils se battent pour être réélus, et parce que l’obscénité de l’un sera l’art de l’autre.

Parce que si vous n’êtes pas prêt à défendre les choses que vous n’aimez pas, lorsqu’ils viendront attaquer les choses que vous aimez, vous aurez déjà perdu.

Le CBLDF défendra votre droit du Premier Amendement en tant qu’adulte de tracer des lignes sur le papier, de dessiner, d’écrire, de vendre, de publier, et maintenant de posséder des comics. Et c’est pour cela que le genre d’ouvrage que vous n’aimez pas, ou ne lisez pas, ou qui n’a aucune valeur artistique ou élément intéressant à vos yeux, est une cause qui mérite d’être défendue. Parce que ce sont les même lois qui régissent ce que vous aimez et ce que vous trouvez répugnant, indépendamment de la limite où se trouve votre frontière de ce qui est répugnant : la loi est une grosse massue qui ne fait pas de travail de précision, et parce qu’on ne réalise combien la liberté d’expression absolue est merveilleuse que le jour où on la perd.

(Et pour que ce soit clair, je pense que la pédopornographie et l’exploitation d’enfants réels pour du porno ou du sexe est quelque chose de fondamentalement mauvais et intolérable, parce que de véritables enfants sont directement blessés. Tout comme je pense que mettre deux adolescents de 16 et 17 ans en examen pour « pédopornographie » sous le prétexte qu’ils ont pris des photos sexuelles d’eux même et se les ont envoyés alors qu’ils avaient légalement le droit de faire l’amour (NdT : lien en anglais) est complètement, totalement idiot, et un bel exemple de la loi en tant que massue.)

*****

Tout est dit.

La citation du jour : "En même temps ... lire des mangas ... fallait s'y attendre quoi !"
La chanson du jour : J'ai tellement de choses à dire, Michel Polnareff, "J'avais pour tout bagage des mots et des images. J'ai eu peur, Dieu me garde, qu'on garde mon âme à la douane"

Même si on a de plus en plus le devoir d'en dire de moins en moins, la vie est belle!

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***Article(s) en date du 31.1.10***

iPad : y’a de l’idée, MAIS…

(ce titre est dédicacé à la Petite Graine)

Fidèle lecteur, jolie lectrice, tu sais que Tears of the Night n’a pas véritablement vocation d’être un blog de geek, même s’il m’arrive parfois de réfléchir « tout haut » sur l’impact réel de gadgets ou avancées technologiques comme le Kindle d’Amazon. Néanmoins, après avoir regardé la dernière Keynote d’Apple en streaming, et avoir vu sur Twitter un torrent d’articles-commentaires, j’ai voulu apporter ma pierre à l’édifice pour une raison bien simple. En effet, sur le gazillion d’articles pondus sur l’iPad, je n’en vois réellement que deux, déclinés sous différentes formes mais disant peu ou prou la même chose.



vs



A ma gauche, la masse des Apple-haters. Vous en avez forcément un dans votre entourage. Vous savez, ce sont ces gens pour qui tout produit vaguement associé avec un logo à pomme est forcément une bouse infâme. Ceux qui se moquent des gens qui font la queue pendant des heures à l’ouverture d’un AppleStore. Ceux qui vous expliquent pour des milliers de raisons que l’iPhone est le pire téléphone du monde. Que le MacBook ne sera jamais qu’un PC portable en moins bien. Que l’iMac a un design moche et que pour le même prix on a un PC de compétition. Avant même de savoir quel sera le prochain produit sorti des cerveaux de Cupertino, ils savent déjà qu’ils vont le détester. Sans surprise, pour ces gens là l’iPad est une bouse infâme qui n’a absolument aucun intérêt.

A ma droite, la masse des Apple-fanboys. Vous en avez forcément un dans votre entourage. Vous savez, ce sont ces gens pour qui tout produit vaguement associé avec un logo à pomme est forcément une révolution technologique. Ceux qui sont prêts à faire la queue pendant des heures pour l’ouverture d’un AppleStore. Ceux qui vous expliquent pour des milliers de raisons que l’iPhone est le meilleur téléphone du monde. Que le MacBook sera toujours mieux que n’importe quel PC portable. Que l’iMac a un design révolutionnaire et que de toutes façons il faut débourser au moins autant pour avoir un PC qui tient la route. Avant même de savoir quel sera le prochain produit sorti des cerveaux de Cupertino, ils savent déjà qu’ils vont le vouloir. Sans surprise, pour ces gens là l’iPad est une révolution technologique qui va immédiatement changer leur quotidien.

Dans un sens, Apple a réussi à réinventer la dualité et à nous offrir une version moderne de la lutte entre le jour et la nuit, le bien et le mal, les crêpes au Nutella et les brocolis cuits à l’eau.

Dans un certain sens, après avoir fait partie des Apple-haters pendant des années, le recul et l’expérience ont maintenant fait de moi une créature étrange affranchie des deux groupes, et avec une certaine objectivité face aux produits à pomme que j’ai rarement dans d’autres domaines de ma vie (j’assume pleinement ma subjectivité en presque tout). J’ai acheté un iPod Touch parce que je voulais mettre toute ma musique dans un seul appareil que je pourrais brancher sur mon autoradio, et que je voulais que ça soit joli. J’ai acheté un iPhone 3GS très peu de temps après (le jour de sa sortie, en fait) parce que j’étais convaincu par le confort et le design du Touch et qu’il y avait assez de place sur la version 32Gb pour y mettre mes 27Gb de musique (c’est « peu », 27Gb, je sais, mais ma musique est légale… Je suis contre Hadopi, certes, mais tout autant contre le piratage). Séduit par la taille et le contraste de sa version « géante », j’ai délaissé mon PC et acheté le dernier iMac, ce qui ne m’empêche pas de rester objectif et de trouver que la Magic Mouse livrée avec, par exemple, c’est de la merde.

Alors, cet iPad, me direz vous ? Eh bien je trouve que c’est un semi-flop. Steve Jobs a voulu se concentrer là dessus et ne présenter QUE ça dans la Keynote, et du coup on a tendance à voir les défauts de la bête de manière plus aigue, et à rester sur sa faim. Dans son état actuel, pour moi l’iPad est comparable au tout premier iPhone : joli, « y’a de l’idée », mais en pratique bourré de bugs et de lacunes de design qui vont le desservir. Autant j’adore mon iPhone 3GS, autant je n’aurais jamais voulu du premier iPhone, même en cadeau. D’ailleurs, on voit bien dans ce produit les lacunes cognitives des Apple fanboys *ET* des Apple haters : à la sortie du premier iPhone, les Apple fanboys l’ont acheté en masse malgré ses défauts car en s’en servant, ils rêvaient secrètement de ce que serait l’iPhone 3GS. A la sortie de l’iPhone 3GS, aucun Apple hater ne l’a acheté ni considéré objectivement : ils lui reprochaient toujours les lacunes du premier iPhone. Et il est fort probable que l’histoire se répète pour l’iPad.

Objectivement, s’il n’y avait pas une pomme dessus, l’iPad serait un flop commercial monumental (surtout en Europe, j’y reviens plus bas). Et je ne parle même pas du nom RIDICULE d’ « iPad ». Non seulement c’est trop proche d’iPod pour se faire une identité, mais en plus pour mes lecteurs non anglophones, un « pad » en anglais, le sens le plus courant c’est une serviette hygiénique. Ils n’ont pas de femmes, dans l’équipe marketing Apple, ou quoi ?





Le but avoué de l’iTamponiPad est d’en faire une machine de surf, mais toujours pas de plugin Flash ? Apple a déjà avoué à demi mots son désir de démolir ce format, mais en pratique, même si son usage ralentit, ce n’est pas encore le cas, et là où l’absence de Flash n’est pas trop gênante sur l’iPhone (la plupart des sites en Flash étant des sites dynamiques ou des sites de jeu qui seraient de toutes façons peu pratiques sur le petit écran du Smartphone), sur l’iPad son absence délibérée est une balle dans le pied.

Ensuite, une bonne part de la présentation était concentrée sur iWork version iPad. Oui c’est joli. Oui, ça a l’air intuitif. Mais sans moyen de transférer ses fichiers autrement que par sync, ça devient complètement débile de songer à s’en servir pour ça.

Enfin, la vraie bonne idée déjà implémentée de la chose à mes yeux c’est iBooks. Où l’iPad se transforme donc en une espèce de Kindle couleur, avec moins d’autonomie mais COULEUR, et avec un joli design d’utilisation permettant de « tourner les pages » à la main. Oui, mais. Mais apparemment les seuls livres qu’on pourra mettre dans iBooks seront ceux du store (pas moyen d’y ajouter ses propres PDFs, même via une sync). Il n’y a toujours pas d’offre d’achat version papier + version électronique (ce que je ne COMPRENDS pas. Ca existe pour les vidéos, alors vous n’allez pas me dire que ni Amazon, ni Apple n’y ont pensé ? Alors POURQUOI ???). Et surtout, d’où mon « flop commercial surtout en Europe » plus haut, iBooks n’est disponible pour l’instant QUE sur le territoire intérieur américain. Steve Jobs l’a évité avec tact pendant la Keynote, mais sur le nouveau site d’Apple dédié à l’iPad, on peut voir une jolie astérisque avec la mention « iBooks is available only in the U.S. », réduisant à néant le plus gros point fort (à mes yeux) de la machine pour l’instant.

Donc en toute objectivité, sans aller jusqu’à dire que c’est une bouse infâme, pour moi l’iPad est une bonne idée actuellement très mal implémentée et sans grand intérêt, et à mon avis les ventes (car il y en aura) seront encore moins bonnes que celles du premier iPhone. Néanmoins si Apple a su démontrer quelque chose au fil des ans, c’est sa capacité à faire des erreurs monumentales, et à en tirer des leçons tout aussi monumentales (je conseille la lecture de cet article en anglais sur les plus beaux flops d’Apple). Il est fort probable que dans deux ans, l’iPad aura muri et sera probablement une bonne machine. Mais d’ici là, ceux qui en feront l’acquisition (comme pour le premier iPhone) seront majoritairement des Apple fanboys qui paieront leur manque d’objectivité en servant de beta-testeurs-payeurs à Apple et en payant cher une machine lacunaire et peu attrayante. Tout comme dans deux ou trois ans, les Apple haters paieront leur manque d’objectivité en se privant par dogmatisme primaire d’une machine efficace.

Mais pour conclure, ce qui est vraiment important avec la sortie de l’iPad, ce n’est pas iPad. Le premier iPhone était une machine trop chère et manquant de tonnes de fonctionnalités. Pourtant iPhone, dès le départ, a été une révolution dans le monde de la téléphonie. Déjà grâce à l’AppStore, où des MILLIONS (si si) d’applicactions sont téléchargées chaque jour, faisant chauffer la carte bleue dans un monde où le piratage et le désir de vouloir tout pour rien était devenu loi. Mais surtout parce qu’en dépit de ses lacunes de l’époque, iPhone a ouvert la porte à une révolution technologique et à un investissement massif des concurrents d’Apple. Ni HTC, ni Blackberry, ni Google n’auraient tant investi et dépensé sans l’électrochoc de la présentation du premier iPhone tout pourri. Sans iPhone, y’aurait-il eu Android ? Peut être. Probablement. Mais pas si tôt, et Google aurait probablement fait quelques erreurs de design de plus pour son lancement que celles qu’il a pu éviter grâce à la sortie bancale d’iPhone. Donc certes, l’iPad est actuellement un produit tout pourri, mais sa présentation et sa mise en vente assurent surtout que d’ici quelques années, nous aurons tous dans les mains des putains de tablettes à la pointe de la technologie et remplies de bonnes idées, avec ou sans pomme.

La citation du jour : "Merci. Je vais aller jouir de ce pas."
La chanson du jour : Revolution, The Beatles, "You say you want a revolution, well, you know, we all want to change the world."

Même si la non-disponibilité d’iBooks en France flingue tout intérêt que l’iPad aurait pu avoir pour moi, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 21.1.10***

Que devient le petit prince sans la Petite Princesse ?

Ce soir, la neige est une pluie timide, qui ne veut pas déranger et s’écrase à ma fenêtre en fondant sans faire de bruit.

J’ai toujours été un paradoxe, et rempli de contradictions. Aujourd’hui encore, c’est le cas, je n’ai jamais été aussi bien et aussi mal à la fois. J’ai de l’argent, assez pour vivre et même très bien vivre. Dans trois mois je serai propriétaire d’une maison correspondant exactement à mes recherches. Je fais un travail qui me plait, et qui me motive. Je bosse beaucoup, trop, surement, mais je n’en oublie pas de prendre du temps, chaque semaine, pour voir ma famille de sang, et voir également ma famille d’adoption, ces amis que je me suis choisi et qui m’ont choisi, aussi.

Et pourtant je suis mal, aussi. Malédiction de ceux qui réfléchissent trop, je n’ai jamais été étranger au mal être. J’ai fait plusieurs dépressions nerveuses dans ma vie, le plus souvent lorsque j’allais "le mieux". Curieusement, en ce moment, il se fait relativement discret, dans ma vie, ou alors, pernicieusement, il se change en mal physique, pour rendre encore plus réel cette absence qui me ronge…

Au bout de cinq mois, l’absence de la Petite Princesse dans ma vie est un mal plus sévère qu’un cancer. J’ai l’impression d’être vide et à la fois plein d’elle. Notre espèce de relation-sans-en-être-une, ces cinq dernières années, a toujours eu des échos d’océan, avec des flux et reflux comme une marée de tendresse et de distance, mais elle était présente même dans ses absences, avec la même certitude qu’ont les marins du retour de leur amante liquide au petit matin… Là, tout est pareil, et tout est différent à la fois.

Il y a eu son départ pour deux mois aux Antipodes, et son retour que j’ai attendu comme un camé, mon désir d’elle plus intense et plus réel qu’une quelconque dépendance à une substance psychotrope, dépendance que je n’ai jamais « chopé », même lorsque je gavais régulièrement mes narines de cette poudre blanche qui me permettait d’écrire plus et de dormir moins.

Il y a eu ce weekend à son retour, et son corps dans mes bras, mais c’est comme si en revenant de tous ces océans qui nous avaient séparé deux mois, elle avait gardé autour d’elle et de son cœur une part de mer dans laquelle j’étais condamné à me noyer… Je me souviens de lui tirer les cartes, à contrecœur, de lui dire ces choses que j’y ai lues, et d’y lire ces choses que je ne lui ai pas dites. Je me souviens me réveiller à l’aube pour la regarder dormir, comme avant, mais de sentir cet océan entre nous, qu’elle avait ramené de là bas… et ne plus oser la toucher, et ne plus pouvoir avoir la force de la réveiller d’un baiser au creux entre sa joue et son oreille.

Puis elle est partie, de mon appartement et de ma vie. Et si une part de moi l’avait déjà deviné, le reste est resté aveugle et a mis du temps à se rendre à l’évidence, face à son téléphone qu’elle ne décrochait plus, face aux messages qui restaient sans réponse. Oh, il y a bien eu ce coup de fil, en pleine nuit, quand elle allait mal, après une rupture après un autre de ses mâles… Comme je l’écrivais dans ma chanson, la plus belle preuve d’amour qu’elle m’ait jamais faite est d’être toujours celui qu’elle appelait en pleine nuit quand ses larmes devenaient des mots. Mais j’avais déjà compris, alors, que ce n’était qu’un chant du cygne, un chant des signes… Et même si elle m’assurait du contraire par téléphone, je savais que c’était probablement l’une des dernière fois que j’entendrais sa voix…

C’était il y a trois mois, deux mois après le début de son silence, dernier iceberg sur laquelle mes mots et mes maux s’échouent et se déversent. 2010 a été la première année depuis notre rencontre qu’elle ne m’a pas souhaité bonne, et même si je pense qu’elle le sera quand même, son absence est une fausse note qui résonne comme une cacophonie en moi. Je parlais plus haut de poudre blanche, et de mon absence de dépendance. Il y a deux ans, j’ai arrêté la cocaïne du jour au lendemain, sans malaise physique ni psychologique. Aujourd’hui, arrêter Mathilde me déchire.

Et c’est peut être cela qui me déchire aussi physiquement. Depuis un peu plus d’une semaine, je dors très mal. J’ai beau ne plus boire de café après 17h, laisser les canettes de Red Bull s’empiler dans mon frigo sans être bues, le sommeil ne vient plus, plus comme avant, je nage dans mon lit les yeux fermés de force pendant des heures avant de tomber d’épuisement peu de temps avant l’aube. Et de me réveiller asynchrone et pas reposé quelques heures plus tard.

Je fais une sorte d’apnée du sommeil, mêlée à des crises d’anxiété. Je sens mon cœur qui bat de plus en plus doucement, jusqu’à s’arrêter, ou presque, jusqu’à ce que la panique et une grande bouffée d’oxygène le fassent repartir. Et bientôt recommencer à ralentir. Je revis ma mort comme un disque vinyle rayé, plusieurs fois par nuit. Comme si sans elle dans mon cœur psychique, mon cœur physique voulait hurler aussi fort que l’autre, et refuser de battre s’il ne peut plus battre proche d’elle.

Lorsque j’aime comme je l’aime, cet amour se suffit à lui même, j’ai juste besoin de pouvoir le donner, le déverser… Mais par son absence, elle empêche tout versement, et ce trop plein m’étouffe. Jusqu’à m’empoisonner physiquement. J’ai mal de son absence, et écrire ces lignes me font du bien car je peux y coucher un peu de cet amour qui déborde et me noie. Et curieusement, cet amour en moi m’exalte, aussi. C’est lui qui m’aide à avancer, et à me lever le matin, à avoir envie. Lui aussi sans doute qui crée ces bouffées d’angoisses face à la mort que je me sens vivre chaque nuit, et à la repousser plutôt que de l’accueillir, malgré son joli sourire…

Avec les années de recul que j’ai appris à avoir, même si mon objectivité est forcément viciée, ma petite princesse est la plus jolie chose qui soit arrivée dans ma vie. C’est également la plus jolie chose qui en soit ressortie, tout doucement, sans faire de bruit, avec la même tendresse que celle qui nous avait lié. Elle a disparu, sans laisser de traces, mais en me laissant cet amour si lourd qui ne correspond à aucune autre, et dont je ne sais pas et plus quoi faire. Alors je la couche sur le papier au lieu de la coucher sur mes draps, alors je ferme les yeux et je la retrouve.

Et la douleur s’estompe.

Un peu…

La citation du jour : "Non mais tu m'aimes mais t'es pas amoureux"
La chanson du jour : Dans la merco Benz, Benjamin Biolay, "Petite princesse ma beauté ma promesse"

Même si son absence a ralenti les battements de mon cœur, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 1.1.10***

Die bitch DIE!!!

Bonjour à toi, fidèle lecteur, charmante lectrice...

Je suis sûr que tu es venu ici aujourd'hui en te disant que forcément je ne pouvais pas t'abandonner à ton désespoir le jour de l'an, et que j'aurais forcément quelques mots doux pour toi... (ou alors, tu as fait comme la plupart des gens et tu as bêtement vu la mise à jour sur ton flux RSS... Mais ton secret est sauf derrière la tombe de mes lèvres. Et profites en, vu que ce n'est pas dans le RSS, ça, pour remarquer que le système de commentaires a changé suite à la fermeture d'Haloscan, et pour aller regarder une nouvelle petite demoiselle dans le Nombriloscope aujourd'hui).

2009 s'achève et j'aurais tendance à dire "c'est pas plus mal". Même si je n'en suis pas au même point qu'en 2004 (la grande différence venant probablement des liasses énormes de billets dans mes poches, mais comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur, même s'il contribue à rendre le mal-être plus supportable, ou tout du moins à en détourner l'attention), 2009 est clairement dans le top 3 des "années les plus pourries de ma vie", en ex-acquo (ou tout du moins très proche, dans un sens ou dans l'autre) avec 1995. En toute objectivité, c'est une bonne nouvelle puisque 2010 pourra en ce sens très difficilement être pire, malgré un départ faussé en me rendant compte que cette année est la première depuis 2005 où mon téléphone ne vibre pas à minuit d'un message de la petite princesse... forcément.

Je vous souhaite donc de prendre la vie du bon coté, et de toujours, même quand c'est dur, surtout quand c'est dur, toujours essayer de changer votre point de vue quand vous êtes sous l'emprise du doute ou du mal-être, et de ne jamais oublier le message qui ponctue et a ponctué chacun des miens (a quelques rares exceptions près) depuis l'ouverture de ce blog:

La vie est belle !

La citation du jour : "..."
La chanson du jour : Le premier jour, Etienne Daho, "Pourquoi vouloir toujours plus beau, plus loin, plus haut, et vouloir décrocher la Lune quand on a les étoiles ?"

Même si je l'ai déjà dit juste au dessus, la vie est belle !

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