***Article(s) en date du 25.3.07***

Des sourires, et des larmes...

... Mais pour une fois, pas les miennes !

Rentré à l'instant du salon du livre de Paris. Oui, c'était la raison pour laquelle j'étais excité comme une puce il y a deux jours, mais pas seulement : en effet, la raison de mon déplacement pour ce salon était la venue en France de Neil Gaiman (l'auteur sur lequel je fais ma thèse, pour ceux qui suivent) et que suite à trois semaines de rame intensive et de coups de fil en coups de fil, j'avais réussi à négocier une interview de 20 minutes en tête à tête avec l'auteur. Merci au passage au Diable Vauvert et à Anne d'avoir été agréables, disponibles et sympathiques, et d'avoir permis l'entretien.

C'est donc avec une boite de sushis frais à la main comme cadeau que j'ai rencontré Neil, qui était on ne peut plus agréable, sympathique, et précis dans ses réponses à mes questions tordues et décousues (en effet, j'ai dû lire des dizaines d'interviews de lui dans le cadre de mes recherches, et j'avais en conséquence composée la mienne comme un patchwork sans réel fil directeur, en fonction des questions dont j'avais besoin pour ces recherches et qui n'avaient pas encore été posées, ou en tout cas pas dans les entretiens auxquels j'avais accès). Les vingt minutes se sont envolées très, trop rapidement, mais le résultat est une interview riche en contenu qui servira directement à ma thèse. C'est toujours sympathique de pouvoir affirmer dans un argument "L'auteur pense que..." lorsqu'on en a la certitude formelle et la preuve en cassette.

Bref, suite à cet entretien, l'exaltation du chercheur était liée à l'admiration du fanboy (l'une des raisons principales de mon choix de Gaiman comme sujet de thèse, outre la richesse de son oeuvre, est que c'est l'un de mes auteurs favoris) et la joie de l'instant. Neil a également eu la gentillesse de me dédicacer les 3 ouvrages chers à mon coeur que j'avais pris dans ce but : Stardust, mon roman favori de l'auteur, le premier tome de Absolute Sandman, son épopée en 2000 pages, près de 9 ans de sa vie, dans une jolie couverture cuir, et un petit bouquin qui ne paie pas de mine ("Adventure in the dream trade") dans lequel on trouve un texte en une page ("Essay for Patti") qui est probablement mon texte favori de l'auteur, duquel j'ai extrait le titre de ma thèse, et dont Neil m'a offert la lecture directement sur mon dictaphone. A circonstances exceptionnelles, résultats exceptionnels : je brise donc ici pour la troisième fois depuis mes débuts de bloggeur ma règle officieuse et non écrite de ne jamais poster ici de photo complète de moi...


Le reste du week end s'est déroulé en compagnie de Galad et Marsu, les gens de MuM, qui ont eu la gentillesse de m'accueillir dans leur nouvel appart, de me faire découvrir Titan Quest et de me mettre une mine à Guitar Hero. Guitar Hero, c'est sacrément plus dûr que la vraie guitare, en fait...

Au retour, dans le train, j'ai servi d'interprète à une jeune et jolie demoiselle américaine qui s'est pris une amande de 150 euros pour avoir rempli son pass multi-trajet au crayon de papier plutôt qu'au stylo. Je l'ai un peu consolée quand elle a fondu en larmes devant l'air froid et sec, limite insultant, du contrôleur. Je comprends qu'il fasse son boulot, mais il pourrait le faire avec un minimum de tact. La demoiselle, encore plus belle à travers ses larmes -c'est fou comme les larmes de peine rendent une fille encore plus belle que n'importe quel maquillage- est retournée dans son wagon une fois (un peu) consolée. Rencontre insolite et fugace qui m'a rendu le coeur un peu amer, comme un coup de spleen venant dorer et vernir la perfection du week end. Tranche de tristesse, tranche de vie, j'espère que la jolie demoiselle rebondira vite. La prochaine fois, je l'enlèverai, au bout du monde...

La citation du jour : "I think I write what I know, but I think that what I know is what cats dream about, and what it's like to be a ghost, and what happens if you go through a door and you meet a woman who says she's your mother but has black buttons for eyes, and seeing that I know that stuff, I think it's my obligation to write about it. "
La chanson du jour : Here it goes again, Ok Go, "Just when you think you're in control, just when you think you've got a hold, just when you get on a roll, here it goes, here it goes, here it goes again!"

Même si vingt minutes c'est énorme et trop court à la fois, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 23.3.07***

Une tonne, deux tonnes, c'est nous les 36 tonnes...

Cette semaine aura vu un soulagement de ma charge en temps-présence au boulot. Non point de vacances, malheureux, mais si mes élèves ont eu la joie de ne pas me voir (enfin, ils ont dû s'en moquer vu qu'on m'a remplacé en fait) c'est que je passais pendant trois jours les épreuves écrites du Capes.

Cette année, entre mon boulot -qui me plait, mais qui me bouffe tout mon temps- et mon Master, j'ai vraiment été aux épreuves les mains dans les poches. Préparation minimale, en comptant sur mes acquis et mes facilités. Et finalement, je suis plutôt satisfait du résultat. La dissertation littéraire est tombée sur mon oeuvre favorite, et j'ai fait tellement de traductions cette année (avec mes élèves et professionnellement en freelance) que j'ai mis 1h45 a faire l'épreuve de traduction ce matin -normalement prévue en cinq heures !

Bref, plutôt confiant, mais surtout détendu. J'avoue que cette année, le Capes, j'en ai un peu rien à foutre. J'ai pas l'intention de changer de poste avant d'avoir mon doctorat, et mon Master se passe super bien (15.33 de moyenne aux partiels du premier semestre, pas une note en dessous de 14, et un joli 18 à mon pré-mémoire). Donc le concours est plus une roue de secours, une option au cas où, et surtout qui ne m'a pas beaucoup demandé d'investissement personnel. Ca passera ou ça cassera, mais si ça casse tant pis, je n'en perdrai plus le sommeil.

Notable est l'anecdote d'hier matin où, suite à des pluies givrantes, la circulation des poids lourds sur l'autoroute a été suspendue. Des gentils fonctionnaires de l'ordre forçaient donc tous les camions de l'autoroute à se rabattre et à couper leur moteur. J'ai longé une file de plus de 8 kilomètres de camions, tous éteints comme morts sur la bande d'arrêt d'urgence. C'était très impressionnant.

Quant à moi, je suis excité comme une puce, demain je...

Han.

C'est tellement énorme que j'ai même encore du mal à le croire. Je vous en parlerai en rentrant dimanche. Wait & see :)

La citation du jour : "Enfoiré d'veinard !"
La chanson du jour : La femme chocolat, Olivia Ruiz, "Taille-moi les hanches à la hache, J'ai trop mangé de chocolat"

Même si je ne suis pas sûr d'avoir le droit d'enregistrer l'interview qu'il m'accorde, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 15.3.07***

Les facéties de Jean-Marie

C'est officiel, Jean-Marie Le Pen dispose de ses 500 signatures et est donc candidat à la présidentielle. Bien sûr, ce sujet est à la mode dans les journaux et dans le petit monde de l'actualité. Tout le monde semble avoir son avis à donner, des pro-FN aux anti-FN, des gens qui s'en foutent aux gens que ça empêche de dormir.

J'ai beau vomir en règle général sur les "idées" politiques du FN, et surtout sur ce qu'il représente (et ceux qui le représentent), je suis néanmoins "content" dans un sens qu'il ait eu ses signatures. Même si je subodore un coup médiatique. En effet, si Le Pen n'a jamais brillé par sa tolérance ou ses messages d'amour, il demeure néanmoins un homme qui a su prouver et démontrer qu'il savait jouer avec les media comme un virtuose sais jouer du violon. C'est d'ailleurs l'un des rares "candidats perpétuels" (avec Arlette, par exemple) à ne jamais vraiment développer son programme, vu que son programme, c'est "lui". Plutôt que d'exposer ses idées, il joue de son image et de ses scandales pour rassembler autout de lui un large "public" de votants.

Et donc, il est possible (voire probable) que JMLP n'ait eu absolument aucun mal, en fait, à réunir ces signatures, et que tout ne soit que vaste coup médiatique, pour faire parler de lui et paufiner un peu son image de martyre. Bou-hou-hou, les media ne m'aiment pas alors que moi au moins je dis la vérité, je suis la voix de la France, etc... On connait le refrain, on connait la chanson, mais même les plus vieilles soupières font encore bonne recette, indéniable puisque Le Pen rassemble toujours un nombre effarant de voix.

Néanmoins, on peut honnir l'homme, vitupérer ses idées, rejeter ce qu'il représente, je suis tout autant inquiet que rassuré par ces 500 signatures.

Rassuré, parce que même si le programme du FN tiens plus du pamphlet de haine et d'incitation à l'intolérance que d'un vrai ensemble d'idées politiques, nous sommes censés vivre dans un pays démocratique, et la base même de la démocratie c'est que tout le monde devrait avoir le droit de se présenter au suffrage d'autrui, aussi détestable soit il. Sinon ce n'est plus une "vraie" démocratie, c'est une mascarade. Déjà que notre pays "laique" est probablement l'un des pays d'Europe les plus fortement marqués et influencés par la morale judéo-chrétienne, si même la politique se met à ne plus ressembler à rien sur le *fond* en plus de la *forme*, ce serait franchement désespérant. Même si la cuvée 2007 des candidats est déjà désespérante à elle seule.

Inquiet, parce que du coup je suis persuadé qu'il va faire au moins 28% au premier tour. Et que là encore, (plus encore qu'en 2002 où j'aurais voté Chirac de toutes façons quelle que soit son adversaire) mon choix de candidat du second tour se limitera à "pas Le Pen". Doublement inquiet même parce que dans l'éventualité d'un second tour Royal/Le Pen, j'ai suffisemment peu d'optimisme envers la nature humaine et la nature française pour craindre que le candidat FN soit élu, rien que parce qu'il y a suffisemment de gens fermés d'esprit pour ne pas voter pour une femme.

Mais arrêtons de penser au second tour. Je ne sais toujours pas pour qui je vais voter au premier. C'est la première élection où je suis tellement... hésitant. Pour ne pas dire déçu. Les lecteurs fidèles de Tears savent que mes aspirations politiques tendent clairement à droite dans le camp UMP, proche de la "faction" Juppé. Mais je n'aime pas Sarko. Il a des résultats, certes, mais je n'approuve pas forcément ces méthodes, et humainement... Je sais pas. Royal est quant à elle probablement la meilleure candidate UMP de la présidentielle 2007. Malheureusement, cette candidate UMP a un discours UMP, des idées UMP, des méthodes UMP... mais une étiquette PS. Qui impliquerait en cas d'élection un GOUVERNEMENT PS. Et vu le peu de pouvoir réel d'un président, c'est donc clairement une non-solution.

Enfin, ça fait des ANNEES que je clame que je donnerai ma voix en élection au premier candidat, quel que soit son parti, qui ferait de la réduction de la dette d'état sa priorité numéro un. Et... c'est ce qu'à déclaré Bayrou... Nombreux sont ceux parmi mes amis proches qui me charrient donc à ce sujet en me disant que pour tenir parole je me devrai de voter Bayrou au premier tour.

Mais c'est Bayrou quoi...

Bref, nous sommes à cinq semaines de l'élection présidentielle, et je ne sais toujours pas quel sera le bulletin que je mettrai dans l'enveloppe sous le couvert de l'isoloir. La seule certitude, néanmoins, c'est que j'irai, comme à chaque élection, voter. J'ai terminé l'article précédent par un "Lisez". Je continue la mode de l'impératif :

Votez.

La citation du jour : "Tu me fais trop rire"
La chanson du jour : Pop! goes my heart, Pop! (Hugh Grant), "A twist of fate makes life worth while, You are gold and silver... I said I wasn't gonna lose my head, but then POP! Goes my heart! I wasn't gonna fall in love again, but then POP! Goes my heart! And I just can't let you go, I can't lose this feeling!"

Même si je ne suis ni black ni chauve, la vie est belle !

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***Article(s) en date du 4.3.07***

Des mots, des maux, des larmes, et des impostures

Qu'il soit officiellement noté que je suis un professeur sadique, j'en ai la preuve, j'ai fait pleurer une élève. Deux fois. Elle avait aussi, apparemment, un sourire aux lèvres. Car en plus d'être sadique, je suis aussi un paradoxe. Bon anniversaire.

Sur un tout autre registre, on dit souvent (et c'est un fait avéré, puisque même moi, je le dis souvent) que le niveau moyen de la culture des individus semble baisser progressivement et de plus en plus inexorablement vers un marasme fadasse de néant cérébral. A part quelques valeurs sûres et toujours à la mode comme Baudelaire ou Rimbaud, les nouvelles générations (et même la mienne, fichtre !) semblent plus préoccupés par la dernière liposuccion de Lorie que par le séisme qu'à causé "Les Bienveillantes" dans le paysage littéraire.

Néanmoins, l'une des constantes de la dé-culturisation est la politique de l'autruche qui consiste à faire semblant d'être cultivé face à ce vide abysmal. L'avantage, c'est qu'entre gens absolument pas cultivés, le jeu de miroirs de l'imposture peut se renforcer de ce reflet de reflet, comme une mise en abîme, et le terme sémantique de cette expression n'a jamais été plus à propos que dans ce cas là.

Malgré le développement de la télé à toute heure et l'illetrisme grandissant, la lecture demeure apparemment néanmoins une valeur sûre pour faire semblant d'être cultivé. Selon une étude récente, par exemple, un britannique sur trois avoue avoir déjà menti et prétendu avoir lu tel ou tel livre pour paraître plus intelligent ou cultivé. C'est probablement pour cela que même en France, si parler de ses lectures est toujours vaguement à la mode, parler de leur contenu est un sujet tabou. En effet, on n'est jamais à l'abri d'un Morrissey dans l'âme ("you claim these words as your own but I've read well...") ou, gasp, d'un VRAI lecteur. Quel embarras, lorsqu'on vient de prétendre lors d'une soirée semi-mondaine avoir relu le Rouge et le Noir pour faire bien, de se voir demander son opinion des actes de madame de Rênal et de n'avoir qu'un "Qui ça ?" ou un "Hein ?" disgrâcieux à répondre. Ou le silence gêné après avoir affirmé que Flaubert était fort inspiré en écrivant ce livre.

(Note aux quelques gens ayant du mal avec les livres qui seraient arrivés ici par hazard, si la phrase précédente est censé faire sourire, c'est que c'est Stendhal et non Flaubert qui a écrit le Rouge et le Noir. Non, ce n'est pas non plus Jeanne Mas)

La mode du faux se répands donc en tirant avantage de la vacuité culturelle ambiante. Après les années 80 et leurs fausses blondes platines, les années 90 et leurs faux seins siliconés, bienvenue au XXIeme siècle, grand maître des faux lecteurs et de la fausse culture.

Mais je crois que le plus effarant (ou inquiétant, pour ces fous parmi vous qui nourrissent encore vainement en leur sein quelque espoir vis à vis de la nature humaine) c'est que même le faux lecteur et sa fausse culture subissent AUSSI un nivellement par le bas. Sans rire. Voici le top 10 des livres qu'on a fait semblant de lire, selon une étude anglaise :

1. The Lord of the Rings – J.R.R Tolkien
2. War and Peace – Leo Tolstoy
3. Wuthering Heights – Emily Bronte
4. Men are from Mars, Women are from Venus – John Gray
5. 1984 – George Orwell
6. Harry Potter and the Philosophers Stone – J.K Rowling
7. Great Expectations – Charles Dickens
8. Jane Eyre – Charlotte Bronte
9. The Da Vinci Code – Dan Brown
10. Diary of Anne Frank – Anne Frank

Passons sur Lord of the Rings, qui a mon avis est en première position plus à cause des films que suite à ses qualités littéraires. Oui, il y a clairement des monuments, là dedans, mais franchement ? Da Vinci et Potter... Quel est l'intérêt, pour paraitre cultivé, de faire semblant de lire des mouvements d'effets de mode ? C'est comme si un faussaire cinéphile faisait croire qu'il avait vu le dernier film Pokémon. C'est peut être pour ça que tant de gens en font tout un foin : justement parce qu'ils ne les ont pas lu...

Aparté : une petite conversation et mon coeur qui fond pendant que j'écrivais cette article vous donnent le droit à une citation du jour bonus.

Retour dans le vif du sujet. Cette réflexion apparait dans un contexte pourtant favorable à la lecture. En effet, contrairement à ce que l'on pourrait croire, les ventes annuelles de livres sont actuellement en hausse en France. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour les éditeurs et les nombreux, très nombreux jeunes auteurs (c'est Beigbeder qui disais que la France était ce pays paradoxal où il y avait presque un auteur par lecteur). Mais on est en droit de s'interroger sur l'avenir de ces livres. J'explique, en m'appuyant sur un exemple que je connais sur le bout des doigts : moi.

Je suis pour ma part ce qu'on pourrait appeler un gros lecteur. Et je ne parle pas de mon poids, mais plutôt de mon débit. En petite forme et débordé de boulot, je lis un livre par semaine. Quand j'ai un peu moins de travail, je monte à trois voire quatre. Sans compter les comics et les blogs, mais c'est un autre sujet. Je suis, de plus, un collectionneur/acheteur compulsif de livres. Souvent, j'ai une envie, aussi pressante qu'une envie de sexe, de lire telle ou telle oeuvre, tel ou tel auteur. Comme je fais peu de shopping, mes excursions dans les librairies se transforment souvent en véritables raids desquels je ressors avec cinq à dix livres sous le bras. Et parfois, le temps d'en lire une partie, le désir pressant s'efface, et l'un ou l'autre des sandouiches de pages termine temporairement son parcours sur une étagère, dans la fraicheur virginale d'un livre non lu, et rejoins le club privé des livres-a-lire-en-retard sur mes étagères. Ces derniers finissent toujours par être lus, mais en général ils se feront "doubler" par une nouvelle envie pressante et un nouveau raid en librairie.

J'ai donc en permanence chez moi une étagère spéciale réservée à mes livres en retard, dans laquelle je puise néanmoins régulièrement pour en diminuer l'épaisseur, ou pour faire renaitre l'ancien volcan qu'on croyait trop vieux ("Ah oui ! C'est vrai ! Il fallait absooooooooooooolument que je lise ça !"). Mais face à ce comportement de l'impulsif/compulsif que je suis parfois en termes de lecture, et au vu de ce qui précède, je me demande maintenant si certains livres ne sont pas achetés par certaines personnes dans le but principal, justement, de ne pas être lus, mais plutôt d'être exposés bien en évidence dans une bibliothèque pour impressionner les copains éventuels en visite.

Poussons le vice et la simulation un peu plus loin, toujours en partant du principe que la vacuité culturelle est auto-gérée et croissante, en imaginant la scène où un ami va justement s'extasier devant la bibliothèque.

"Ouah ! Tu as lu les Mémoires d'Outre Tombe de Chateaubriand toi ? Classe ! C'est bien ?"
"QUE-WAAAA ? Tu l'as pas lûûûû ? Hân, mais c'est un incontournââââble !"
"Ah ? Mais, ca parle de quoi ?"
"Bin, tu vois, comment t'expliquer... Hân, je peux pas, c'est trop... trop profond, t'vois, faut le lire, tu comprends ?"
"Ouais, tu me le prête ?"
"Bien sûr !"

Et le virginal ouvrage changera alors de main, passant du statut de livre non lu sur la bibliothèque de l'un à livre non lu sur la bibliothèque de l'autre. Le premier ne s'en rendra probablement pas compte, et le second l'oubliera très vite. Jusqu'à l'arrivée, un jour, d'un troisième compère. Qui en voyant l'ouvrage sur la bibliothèque du second, ne pourra que s'extasier sur sa culture, et s'enquiérir de la valeur de l'ouvrage, pour se voir invariablement répondre...

"QUE-WAAAA ? Tu l'as pas lûûûû ? Hân, mais c'est un incontournââââble !"

La boucle est bouclée, la non-culture aussi. Et quelque part, sur une étagère, un livre pleure des larmes d'encre, espérant un jour être lu. Même dans le monde du papier il y a des gros et des vieilles filles. L'amour des livres, lui, est pourtant bel est bien aveugle.

Lisez.

La citation du jour : "Tu m'as fait pleurer p'tit con"
La citation du jour bonus : "J'avoue, toi aussi"
La chanson du jour : For Emily, Whenever I May Find Her, Simon and Garfunkel, "What a dream I had"

Même si les frontières ne sont pas les mêmes dans mes yeux et les leurs, la vie est belle !

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