***Article(s) en date du 1.5.07***

Les deux geeks de la rue du dessous des berges

J'ai la chance d'être quelqu'un d'assez sociable. En conséquence de quoi je rencontre et je me lie d'amitié avec beaucoup de monde, et beaucoup de gens très différents. Ce qui est grisant : j'ai beau être un effroyable conservateur, j'aime néanmoins la diversité ("I'm all for progress... It's change I don't like" -Mark Twain).

Parmi ces gens que je côtoie, j'ai entre autre découvert grâce à la blogosphère un couple sympathique formé d'un garçon qui se fait passer pour une fille et d'un animal affectueux à poils raz. Outre nos échanges verbaux par flux électroniques interposés, nous avons déjà eu régulièrement la chance de pouvoir se voir et échanger quelques godets en vrai, "IRL", comme on dit dans le monde merveilleux des MMO.

C'est la première fois que je suis venu chez eux que j'ai pu découvrir que derrière les lettrés se cachaient en fait deux geeks. Des vrais de vrais, comme dans les films de série B ou dans les livres. Entre l'un qui se construit une manette géante avec un shamallow, une boite de yaourt et un circuit imprimé, et l'autre qui analyse les qualités des traductions de livres non-traduits, je n'aurais presque pas besoin de parler des peluches, des guitares en plastique et du générateur de fumée aqueuse (don't ask). Ces deux là sont nés avec une fiche réseau dans le cou, comme dans Matrix. C'est très pratique, mais parfois aussi, ça fait un peu peur. Voire, c'est frustrant.

Je me suis amusé à leur donner quelques défis de trucs chiants à trouver sur le net. Genre des génériques de dessins animés qui ont été regardé au grand maximum par douze personnes en France, ou des MP3 tirés d'extraits de films. Et nos Geekozaures les ont toujours trouvés en moins de 72 heures. Alors, frustré de ne pas réussir à les coincer, je leur ai sorti *LE* défi.

A la fin des années 80, pendant quelques mois seulement, la télévision française a diffusé la traduction d'une série obscure de SF anglaise, qui n'a pas séduit le public, ni anglais, ni français, mais qui --allez savoir pourquoi-- m'avait assez fasciné, malgré mon usuelle répulsion pour tout ce qui est SF, avec vaisseaux ou robots ou dans un futur lointain et post-apocalyptique.

Cette série s'appellait "les tripodes". Et quand, vers le milieu des années 90, on se mettait souvent avec mes amis de lycée, remplis d'alcool, à délirer et à se remémorer nos séries de jeunesse, toute mention de ma part des tripodes jetait un froid énorme sur l'assemblée. Tout le monde s'arrêtait de rire ou de dire "ah ouaaaaiiiiiiiiiiis" et me regardait fixement en me donnant l'impression d'être un véritable extra-terrestre... ou d'avoir rêvé cette série.

Arrive 1995, année où je découvre Internet. L'une de mes premières recherches aura été les tripodes. Recherche bien évidemment infructueuse. Et j'aurais probablement conclu défininivement à un délire de mon imagination trop fertile sans une discussion en 1996 dans un magasin de comics au sujet de SF où je parles des engis post-apocalyptiques de la série et où l'un des comparses (Christophe, si tu me lis, coucou et merci) me réponds "ah, ouais, les Tripodes ?". Je n'avais manifestement pas rêvé, ou alors nous étions deux, mais lui non plus n'avait que son souvenir comme preuve d'existence de la série.

Et quand, vers la fin des années 90, on se mettait souvent avec mes amis de fac, remplis d'alcool et/ou de cocaine, à délirer et à se remémorer nos séries de jeunesse, toute nouvelle mention de ma part des tripodes jetait un froid énorme sur l'assemblée. Tout le monde s'arrêtait de rire ou de dire "ah ouaaaaiiiiiiiiiiis" et me regardait fixement en me donnant l'impression d'être un véritable extra-terrestre... ou d'avoir rêvé cette série.

Mais non, Christophe aussi l'avait vu, elle devait donc exister. A l'IUT info, nous passions souvent des nuits blanches à discuter sur IRC avec des gens partout dans le monde, et quelques discussion avec des anglais m'ont permis de tracer la source de cette série : oui, "the tripods", certains s'en souvenaient, mais non, personne n'avait de vidéo ou même de photo de la série.

Très régulièrement et avec un désespoir croissant (même Kazaa n'a rien pu pour moi) j'ai donc désespérément chercher à retrouver les tripodes, ou au moins une photo, depuis maintenant DOUZE ANS. C'est donc avec un sourire sadique que, via MSN, j'ai parlé de cette série à l'un de nos deux geeks, gloussant intérieurement de ma victoire sur leur geekitude.

Le lendemain.

Pas une semaine, pas un mois, pas douze putain d'années plus tard.

Le lendemain les geeks m'envoient un lien. Vers l'intégrale de la série, en vidéo pirate.

Et c'est là que je me rends terriblement compte de ma terrible noobitude en termes de geekerie. C'est incroyablement frustrant. Pratique, mais frustrant.

Donc merci à vous deux, un défi encore relevé à mon grand dam mais qui mets fin à douze longues années de solitude et de recherches infructueuses.

Je vous demanderais bien de me trouver le Saint Graal ou le manuscrit original de Lolita de Nabokov, mais ça serait trop simple et je serais encore plus frustré de les avoir demain matin par FedEx sur mon bureau. Alors bon, si vous voulez vous amuser encore, je recherche des vidéos de winnie l'ourson en série filmée, avec Jean Rochefort en narrateur, je recherche une Audrey Bignon qui habitait à Rouen il y a dix ans, j'aimerais trouver une bouteille de coca cola scellée du début du siècle avec encore de la cocaine dedans, et la jolie fille de la boulangerie dont j'ai parlé sur ce blog y'a deux ans et dont je ne sais rien.

Eat that, bitches :)

La citation du jour : "C'est pas vrai j'suis sur que tu vas etre soulagé de plus nous supporter"
La chanson du jour : Let there be rock, AC/DC, "'Let there be sound', and there was sound, 'Let there be light', and there was light, 'Let there be drums', and there was drums, 'Let there be guitar', and there was guitar, 'Let there be rock'!!!"

Même si je suis convaincu qu'ils sont capables de me trouver encore d'autres trucs introuvables, la vie est belle !

Libellés : , , ,

***Article(s) en date du 25.3.07***

Des sourires, et des larmes...

... Mais pour une fois, pas les miennes !

Rentré à l'instant du salon du livre de Paris. Oui, c'était la raison pour laquelle j'étais excité comme une puce il y a deux jours, mais pas seulement : en effet, la raison de mon déplacement pour ce salon était la venue en France de Neil Gaiman (l'auteur sur lequel je fais ma thèse, pour ceux qui suivent) et que suite à trois semaines de rame intensive et de coups de fil en coups de fil, j'avais réussi à négocier une interview de 20 minutes en tête à tête avec l'auteur. Merci au passage au Diable Vauvert et à Anne d'avoir été agréables, disponibles et sympathiques, et d'avoir permis l'entretien.

C'est donc avec une boite de sushis frais à la main comme cadeau que j'ai rencontré Neil, qui était on ne peut plus agréable, sympathique, et précis dans ses réponses à mes questions tordues et décousues (en effet, j'ai dû lire des dizaines d'interviews de lui dans le cadre de mes recherches, et j'avais en conséquence composée la mienne comme un patchwork sans réel fil directeur, en fonction des questions dont j'avais besoin pour ces recherches et qui n'avaient pas encore été posées, ou en tout cas pas dans les entretiens auxquels j'avais accès). Les vingt minutes se sont envolées très, trop rapidement, mais le résultat est une interview riche en contenu qui servira directement à ma thèse. C'est toujours sympathique de pouvoir affirmer dans un argument "L'auteur pense que..." lorsqu'on en a la certitude formelle et la preuve en cassette.

Bref, suite à cet entretien, l'exaltation du chercheur était liée à l'admiration du fanboy (l'une des raisons principales de mon choix de Gaiman comme sujet de thèse, outre la richesse de son oeuvre, est que c'est l'un de mes auteurs favoris) et la joie de l'instant. Neil a également eu la gentillesse de me dédicacer les 3 ouvrages chers à mon coeur que j'avais pris dans ce but : Stardust, mon roman favori de l'auteur, le premier tome de Absolute Sandman, son épopée en 2000 pages, près de 9 ans de sa vie, dans une jolie couverture cuir, et un petit bouquin qui ne paie pas de mine ("Adventure in the dream trade") dans lequel on trouve un texte en une page ("Essay for Patti") qui est probablement mon texte favori de l'auteur, duquel j'ai extrait le titre de ma thèse, et dont Neil m'a offert la lecture directement sur mon dictaphone. A circonstances exceptionnelles, résultats exceptionnels : je brise donc ici pour la troisième fois depuis mes débuts de bloggeur ma règle officieuse et non écrite de ne jamais poster ici de photo complète de moi...


Le reste du week end s'est déroulé en compagnie de Galad et Marsu, les gens de MuM, qui ont eu la gentillesse de m'accueillir dans leur nouvel appart, de me faire découvrir Titan Quest et de me mettre une mine à Guitar Hero. Guitar Hero, c'est sacrément plus dûr que la vraie guitare, en fait...

Au retour, dans le train, j'ai servi d'interprète à une jeune et jolie demoiselle américaine qui s'est pris une amande de 150 euros pour avoir rempli son pass multi-trajet au crayon de papier plutôt qu'au stylo. Je l'ai un peu consolée quand elle a fondu en larmes devant l'air froid et sec, limite insultant, du contrôleur. Je comprends qu'il fasse son boulot, mais il pourrait le faire avec un minimum de tact. La demoiselle, encore plus belle à travers ses larmes -c'est fou comme les larmes de peine rendent une fille encore plus belle que n'importe quel maquillage- est retournée dans son wagon une fois (un peu) consolée. Rencontre insolite et fugace qui m'a rendu le coeur un peu amer, comme un coup de spleen venant dorer et vernir la perfection du week end. Tranche de tristesse, tranche de vie, j'espère que la jolie demoiselle rebondira vite. La prochaine fois, je l'enlèverai, au bout du monde...

La citation du jour : "I think I write what I know, but I think that what I know is what cats dream about, and what it's like to be a ghost, and what happens if you go through a door and you meet a woman who says she's your mother but has black buttons for eyes, and seeing that I know that stuff, I think it's my obligation to write about it. "
La chanson du jour : Here it goes again, Ok Go, "Just when you think you're in control, just when you think you've got a hold, just when you get on a roll, here it goes, here it goes, here it goes again!"

Même si vingt minutes c'est énorme et trop court à la fois, la vie est belle !

Libellés : , , , , , , , ,