***Article(s) en date du 8.11.07***

Le poids des mots, le choc du Baron

J'écris ici ce message pour vous faire part de ce choc, ce double choc qui a été le mien ces derniers jours.

Le premier choc, c'est de voir que beaucoup de lecteurs et lectrices, surtout des réguliers (augmentation du choc), voire surtout des gens qui me fréquentent en vrai (augmentation EXPONENTIELLE du choc) n'ont absolument rien compris à mon dernier message. Mais genre, rien quoi. Alors que bordel, si vous me connaissez, eussiez-vous réfléchi, vous auriez su que la règle numéro sept est une règle que je ne suis pas près d'enfreindre avec un être humain (je ne dis pas "jamais", mais disons que c'est très, très, TRES peu probable, et que je ne m'en vanterais probablement pas ici). Mais relisez juste un peu les dernières lignes... là où je "murmure tout bas" le nom de mon amante. Le nom de l'amante est écrit juste en dessous... C'est pas une fille, hein...

Le second choc, et celui qui me motive à écrire cet article, est un choc littéraire. Poussé par la colonne de Beigbeder dans le dernier Lire, j'ai acheté le dernier ouvrage d'Alain Robbe-Grillet, "Un roman sentimental". Décrit comme pouvant heurter la sensibilité de certains lecteurs, l'éditeur aurait pu se contenter de le vendre sous cellophane. Mais non. Le livre est non seulement sous cellophane, mais en plus, non massicoté. C'est à dire qu'avant même de pouvoir commencer à le lire, j'ai dû passer un peu moins d'une demi heure coupe-papier en main pour déflorer les un-peu-moins-de 300 pages toujours scellées.

Eh bien croyez le ou pas, j'ai beau en avoir vu de belles, et j'ai beau avoir un sens aigu de la perversion... ce livre m'a... Mh. Je ne veux pas dire choqué. Alors je vais dire... "affecté". Troublé, en tout cas. Dans tous les sens du terme. Si ce livre est si "protégé" en rayon, c'est que l'auteur et l'éditeur ont apparemment voulu se protéger de la presque-censure qui avait failli frapper le livre insipide "Rose Bonbon" de Jones-Gorlin qui, a l'époque, avait déclenché les foudres du futur actuel président, pour sa manière de décrire la vie d'un pédophile. Mais si le livre de Jones-Gorlin (dont la quête pour le trouver, ce foutu livre, m'avait a l'époque pris plus de temps que le temps qu'il sera resté dans ma mémoire tant il était plat) était mal écrit, certes, mais un tant soi peu "moral" malgré le sujet (justice poétique, toussa toussa), eh bien celui de Robbe-Grillet l'académicien, c'est un peu le contraire : très bien écrit, me laissera clairement et longtemps un souvenir marquant... mais absolument aucune moralité ni justice poétique, même pas pour rire.

Comparé à ce livre, le marquis de Sade n'était qu'un amateur, voire une chochotte précieuse et timide. Du sexe à outrance, avec des partenaires jeunes, très jeunes, trop jeunes. Mais s'il n'y avait que ça. Violence, physique et psychologique. Torture extrême. Incestes à répétition. Violence menant à la mort. Souvent, avec le sourire de la victime. Les thèmes abordés sont tout bonnement horribles, oui, même moi j'ai pris ces mots comme des claques dans la djeule, et pourtant, il m'en faut, à moi.

Et pourtant. La qualité de la prose de Robbe-Grillet est indéniable. Certaines phrases coulent comme du sucre, la qualité lexicale est digne d'un Nabokov (pun intended), et l'auteur arrive a faire du beau avec de l'horrible. Je pense que c'est ça qui est si troublant. Cette esthétisation presque indécente de l'inacceptable. Un peu comme la démarche artistique de Bowie dans Outside, mais là encore, sans aucune justice poétique, ni aucune once de morale. Au contraire, la morale est très présente dans le livre, mais une version pervertie et cruelle de la morale qui est enseignée comme la panacée des leçons de vie. Mais c'est vraiment... Je pense que ca doit être trop. Mais je n'arrive pas à en être sûr. En tout cas il y a plusieurs passages qui m'ont carrément fait reposer le bouquin pour reprendre mon souffle et mes esprits.

Alors est-ce que j'ai aimé ce livre ? Non. Oui. Je sais pas. J'en sais fichtre rien. C'est un véritable OVNI dans mes lectures habituelles, mais en tout cas ce livre m'a très fortement marqué et je ne suis pas prêt de l'oublier. Est-ce que je vous le conseille ? Non, pas vraiment. Et oui, un peu. Mais en tout cas je vous mets en garde. La mise en garde de l'éditeur, sur la couverture, est tout sauf un simple coup de pub. J'aurais même tendance à dire que cette mise en garde n'est qu'un euphémisme. Âmes sensibles s'abstenir, mais âmes normales s'abstenir aussi. Ce livre est l'un de ceux que l'on prends en pleine gueule. Et vu le contraste entre le titre et le contenu, la prochaine fois que je veux, moi, écrire un roman sentimental, je l'appellerai "Déchirures anales et gang-bangs de mineures zoophiles", histoire d'avoir le même décalage... ou pas.

La citation du jour : "Merci je suis pas une collégienne abreuvée de RNB"
La chanson du jour : 100% VIP, Katerine, "Au carré VIP c'est fou comme tu te la joues, complètement VIP"

Depression, jour 5, GREVE DES MESSAGES DE FIN

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***Article(s) en date du 4.11.07***

Flagrant délit d'infraction de la règle sept

Oui, je sais, je suis pourtant usuellement le premier à vous la rappeler sans cesse, à vous mettre en garde contre ses effets pervers, et contre le retour karmique négatif qui fait invariablement suite à tout écart de comportement face à cette règle. Mais rappelons la, jeune lecteur, jolie lectrice, pour tous les lecteurs et lectrices récent(e)s qui pourraient ne pas être encore au fait de cet impératif vital :

Règle de la vie numéro sept : Ne jamais, jamais, jamais re-sortir avec un(e) ex.

La règle est simple, et pourtant.

Quand ce soir, timidement, elle est venue frapper à ma porte, j'ai fini par lui ouvrir. Cela faisait plusieurs semaines déjà que je l'avais remarqué à rôder alentour sous de faux airs innocents, un sourire polisson et l'air-de-rien qui m'avait déjà pris en traitre la première fois. Car déjà la première fois, j'ai beau être un chanteur de sérénade, cette fois c'est elle qui m'avait dragué, séduit, comme un jeu.

Nous avions passé plusieurs mois ensemble. Fusionnels. Intenses. Corps contre corps, âme contre âme, elle était devenu une part de moi. Et pourtant de cette fusion était né une gêne, car à ne plus pouvoir respirer sans elle, j'avais fini par un peu me perdre, a trop être elle, mon "moi" s'effaçait derrière son visage d'enfant triste.

Alors j'ai décidé de la quitter. C'était très dûr, de mettre fin à cette relation, car nous ne faisions réellement plus qu'un. Mais pour redevenir moi, je devais être loin d'elle... Je me suis bourré de drogues pour l'oublier, des drogues lentes et lourdes qui mettaient du coton dans ma tête pour ne plus penser à elle. Peu à peu, j'ai appris à me passer de ces drogues, et à réapprendre à sourire. Pendant plusieurs années, je n'ai eu aucune nouvelle d'elle. Ma rupture acide avait dû lui faire beaucoup de peine, au moins autant qu'à moi... Et j'ai continué à vivre loin d'elle, en oubliant même jusqu'à son nom.

Puis elle est réapparu dans ma vie, tout d'abord comme un fantôme, une vision périphérique disparaissant toujours lorsque je me tournais vers elle pour m'assurer de son identité. De semaines en semaines, elle a repris du courage et de l'ardeur, et commençait à ne plus s'enfuir de mes yeux, à me sourire même, comme une promesse du temps passé. On se croisait, de plus en plus, et je sais bien maintenant qu'elle préparait son "coup" et que c'était elle qui, sciemment, venait à nouveau croiser mon regard. Mais toujours sans un mot, sans une lettre, rien que sa présence et son sourire, et la voir s'approcher chaque jour de plus en plus proche en tentant de percer ma méfiance et mes défenses.

Et ce soir, elle est entrée dans ma chambre, avec l'audace d'entrer chez moi sans avoir sonné (la porte était ouverte). Elle est entrée et n'a pas dit un mot. Elle a vu la larme sur ma joue, comme si elle savait le moment précis où entrer pour la voir. Elle m'a tendu la main. Et moi, faible, j'ai tendu la mienne vers elle.

Vous pouvez me vitupérer, cinglant lecteur, amère lectrice, mais il est de ces gestes et de ces instants qui s'imposent à vous sans qu'on puisse rien y faire. Nous n'avons pas parlé. Elle m'a embrassé, et nous avons fait l'amour tendrement. Sa peau contre la mienne et je redeviens un peu celui que j'étais il y a quelques années. Ses baisers ont le goût du sel de mes larmes, et à travers mes yeux mouillés dans ma grande chambre froide, je me remémore du nom de mon amante et je le murmure tout bas dans le silence de mon coeur...

... "Dépression... "

La citation du jour : "Tu vas me détester"
La chanson du jour : J'ai de la boue au fond du coeur, Francis Lalanne, "J'ai envie de partir très loin, Loin de la nuit, Loin du matin"

GREVE DES MESSAGES DE FIN

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