***Article(s) en date du 21.3.06***

Rencontre

Ce matin, à deux heures, il était trois heures, en fait. Changement d'heure imprévu (forcément, sans télévision ni radio, je me rends compte de ce genre de détails grâce à mon contact social avec autrui), perte d'une heure, et pour une fois, en contexte, et contrairement aux autres années, cette heure, j'ai vraiment regretté de l'avoir perdue.

Nous avons dignement -et dinguement- fêté l'anniversaire de la blousse dans un petit restaurant breton où le cidre ET les crèpes juteuses ont coulé à flots. J'aurais pu retenir de cette soirée le solo vocal de la blousse sur "les bêtises" de Sabine Paturel, ou les torrides cascades de notes se déversant de l'accordéon de Raymond, un patriarche d'une table voisine avec la fougue d'un adolescent. Oui, j'aurais pu en retenir l'ambiance de folie et de bonne humeur, et les bonnes blagues de Pascal, ainsi que ses conseils pour réussir à faire cours malgré les blocages des anti-CPEistes. J'aurais pu retenir les deux excellentes crepes que j'ai digéré.

Mais en fait, je retiendrai surtout ma voisine-d'en-face.

J'aime ces soirées, et j'aime ces rencontres. J'aime quand je découvre une personnalité vive et naturelle. J'aime l'originalité de sa voix, de sa vie, de ses hobbies. J'aime rencontrer des gens qui ne sont pas la copie carbone d'un autre ou d'une mouvance. J'aime son doux visage qui me souriait, pourtant je ne l'avais pas dessiné sur le sableuh. J'aime ses yeux, et son rire. J'aime sa franchise et son humour délicieux et fin. En bref, j'ai délicieusement craqué face à cette jeune demoiselle.

Il y a quelque chose de magique dans ces instants, ces "premiers soirs" de rencontre, où l'on n'a d'yeux et d'oreilles que pour l'autre. Quand le quotidien, les tracas, le bruit environnant disparaissent pour ne voir, n'entendre que l'autre. La voir sourire et fondre comme neige au soleil. Oui, il y a de la magie dans ces instants, où l'on se sent transporté, comme meilleur, où rien ne compte et où le doute importe peu.

J'aime tomber amoureux. J'aime, car cela m'arrive fréquemment. J'aime, car cela m'arrive rarement. Dans ces instants où l'autre est encore un mystère, et où l'on cherche à se connaitre, à se deviner, et où l'esprit comble de lui même les manques, construit un rêve à partir d'une réalité, se projette en avant et remplis le corps d'endorphine. Voyager léger.

Bien sur, plus souvent qu'à l'inverse, cet amour ne se change pas en Amour. Parce que l'inconnue disparait au loin, parce que la réalité est différente des rêves, ou tout simplement parce que le flash n'est pas partagé. Mais invariablement, porté par le coeur et le feu dans les veines, toutes ces pensées disparaissent de l'esprit au moment de vivre cette rencontre. Tout disparait, lointain, au profit de l'Instant...

Prolonger la soirée dans un café, s'assoir côte à côte, parce qu'en face, c'était trop loin. Nos cuisses qui se frôlent, nos mains qui se touchent, mes yeux dans les siens, son sourire et son rire. Se chatouiller pour se toucher, encore. Mes mains dans ses cheveux parce qu'elle veut que je lui fasse des couettes moi même, comment sais t'elle, comment à t'elle deviné que ses cheveux me grisent ? Plonger du bout des doigts dans la cascade de ses cheveux et m'y perdre, m'y noyer. Avoir envie d'elle, brûler de cette envie, et d'étirer ces minutes, ces heures, sachant que quelle que soit l'heure de fin, ce sera de toutes manières trop tôt, beaucoup trop tôt.

J'aime ces instants où je me fiche de demain. De savoir si je m'enflamme encore pour rien, si ma tendresse sera encore brisée comme une porcelaine de Chine mal recollée qui coupe mes chairs à chaque souffle. Ignorer tout hormis l'instant, et ne voir qu'elle. Se séparer, à contre-coeur, avec un bout du mien en moins, et crever de la revoir moins de deux minutes après la séparation. Rentrer seul et ne penser qu'à elle, besoin d'exorciser ce désir et cette liesse par écrit. Et tant pis si. Parce que je.

J'aime tomber amoureux. Parce que ça fait mal. Parce que ça fait du bien. Parce que je vis... Mon coeur qui saigne et qui hurle et qui jouis et qui en veut encore. J'aime tomber amoureux, car il n'y a rien de plus futile sur cette terre, et en conséquence rien de plus désespérément indispensable.

La citation du jour : "Un diabolo violette."
La chanson du jour : Young guns (Go for it!), Wham, "Wise guys realize there's danger in emotional ties."

Même si j'en crève déjà de trop vouloir la revoir, la vie est belle !

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