***Article(s) en date du 2.10.05***

Rendons à César...

Avant de rentrer dans le vif du sujet, j'aimerais vous rappeler l'existence du Nombriloscope, vous annoncer avec bonheur que deux nouveaux nombrils ont rejoint cette petite galerie, et que je suis sûr que vous êtes encore nombreuses à venir sur ce blog et à ne pas figurer dans ce temple navellien. Oui Dahlia, c'est toi que je regarde droit dans les yeux, là, entre autres. ;)

Pour ceux qui attendaient le vif du sujet, j'y arrive. Suite à un dialogue assez virulent sur un autre blog, me vient l'envie d'exprimer plus avant et plus en détail toute l'indifférence qu'insuffle en moi les élucubrations réchauffées et les aventures plates d'un ado a peine pubaire aux lunettes pompées-sur-les-miennes-pompées-sur-Lennon qui fait léviter des plumes avec une baguette ridicule sous la plume lourde, pesante et verbeuse (et qui visiblement, contrairement à l'autre, ne lévite pas) d'un auteur féminin anglais aux délusions de grandeur pouvant rivaliser les miennes (bon, sauf que elle, elle est pétée de thunes, et que moi je suis fauché, je vous l'accorde).

Rowling est pour moi l'exemple type de l'auteur qui, après avoir eu une bonne idée, se repose sur ses lauriers en resservant la même soupe et en surfant sur la vague d'un effet de mode. Je ne vous cacherai pas qu'à mon avis, le "phénomène" Harry Potter n'aura pas une durée de vie bien plus grande que celle des Pokémons en leur temps. Et je m'explique. Qu'on ne dise pas que je n'ai pas fait d'efforts : Harry Potter, j'ai essayé. Oh, j'ai vraiment essayé, avec force, même. J'ai donné de ma personne pour m'y intéresser. J'ai vu le film. J'ai lu le premier bouquin en français. Puis j'ai relu le premier bouquin dans la langue d'origine, celle de Shakespeare et de, donc, Rowling. Rien n'y fait. Je trouve le film fade et insipide, mais là où le bas blesse c'est que, dans un sens, le livre est encore pire à mes yeux.

Outre les clichés qui s'accumulent de page en page, Rowling a tendance à écrire dans un style des plus lourds et verbeux, tentant de reproduire un style discursif descriptif qui n'est pas sans rappeller celui de Tolkien, mais sans posséder la richesse syntaxique et lexicale de l'auteur du Silmarillion. Là où les longues phrases et les descriptions fournies de Tolkien contribuent à un style épique et onirique, celles de Rowling contribuent simplement à une impression pesante et récurrente de phrases trop longues, trop lourdes, ou absolument inutiles. Certes, on peut montrer du doigt le lectorat (jeune) initialement visé, et donc lui pardonner la relative simplicité de son portefeuille sémantique, mais... Je ne sais pas, mon avis est certes absolument subjectif (mais vous qui me lisez avec régularité, vous en avez l'habitude) mais clairement, le style de Rowling, je n'accroche pas, ni d'ailleurs à ses tentatives vaguement voilées de créer des phénomènes de culte (comme les grenouilles en chocolat ou les balais aérodynamiques) pour galvaniser les foules... et vendre des produits dérivés.

Bref, vous l'aurez compris : Harry Potter, je n'aime pas, et si cela certes n'engage que moi, je ne me prive pas du plaisir de vous en expliquer les raisons en détail afin que ma critique soit un tant soi peu constructive (et ne se contente pas d'un "bouh c'est nul" paradoxal). Pour ceux qui veulent un livre splendide et fantastique, qui parle de magie et d'apprentissage, qui est épique sans être pompeux, et qui peut tout autant être lu par un gamin que par un adulte, je ne saurais que trop vous conseiller Magyk d'Angie Sage (dont j'ai fait une critique élogieuse il y a environ trois mois) plutôt que les dernières aventures du binoclard mondialiste.

Néanmoins, et ce qui suit justifie le titre de cet article, rendons à César ce qui lui appartient : dans Harry Potter, tout n'est pas à jeter. En effet, il y a plusieurs bonnes idées. Je pourrais paraphraser Neil Gaiman et dire que ce qui fait la différence entre un vrai auteur et un plouc de base, c'est la capacité non pas à avoir des idées, mais à les mettres en forme de manière élégante sur le papier, mais non, j'arrête de vitupérer le pauvre Potter et son auteur, et je me décide tant bien que mal à quelque éloge les concernant.

Tout d'abord la traduction. Rowling n'a rien à voir là dedans, mais pour avoir lu la VF et la VO, je tire mon chapeau au traducteur (à la traductrice ?) qui a fait un travail remarquable d'adaptation en restant dans le ton original un peu débonnaire, et en trouvant de bons jeux de mots à mettre en miroir face aux originaux.

Ensuite, et le compliment qui suit est, une fois n'est pas coutume, adressé à Rowling, je trouve absolument brillante l'idée de faire une saga de romans dont le style littéraire et la profondeur scénaristique "vieillissent" et se compliquent au fur et à mesure que son lectorat vieillit. Ca, c'est une vraie bonne idée. Mal réalisée à mon goût, certes, mais c'est une excellente idée.

Enfin, et pour terminer, en me faisant l'écho de l'éditeur du magazine Lire, je tire mon chapeau à Rowling (et surtout à son service marketing) pour avoir réussi à faire ce que peu de personnes avaient réussi à faire jusqu'alors. Faire lire des centaines de milliers de gamins à travers le monde, leur redonner goût à la "télévision" littéraire qui a une couverture en guise de poste et leur imaginaire en guise d'écran. Tous les lecteurs d'Harry Potter ne deviennent pas forcément des lecteurs archarnés, certains ne lisent même *que* Harry Potter, tristement, mais une part suffisemment large de son lectorat a découvert la lecture et le plaisir des livres à travers le binoclard, et a été changé à vie en redécouvrant ce média. Le lecteur de Potter d'aujourd'hui est peut être le Stendhal de demain. Potter a fait naitre des lecteurs, et donc des auteurs, et donc des cerveaux dans un contexte ou la sur-médiatisation et l'abrutissement télévisuel tendent à mettre cet organe en hibernation. Et pour ça, même si ça m'arrache la gueule de le dire, rien que pour ça : Harry Potter est un bon livre.

La citation du jour : "Casse-toi maintenant sale chieur de merde ;) "
La chanson du jour : Miss you, The Rolling Stones, "I’ve been sleeping all alone, I want to kiss you.... Oooh oooh oooh oooh oooh oooh oooh, Oooh oooh oooh oooh oooh oooh oooh, Oooh oooh oooh... Oooh oooh oooh oooh oooh oooh oooh, Oooh oooh oooh oooh oooh oooh oooh, Oooh oooh oooh oooh... Well, I’ve been haunted in my sleep You’ve been starring in my dreams, Lord I miss you"

Même si je suis un chieur parfois, la vie est belle !

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