***Article(s) en date du 27.9.05***

Three Pillars of the Medieval Society

Bonus : la bourgeoisie
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Après la petite boutade mécanique du vendredi matin, je me trouve enfin dans la gare de Metz muni de mon billet et de mon bagage (inoui tout ce qu'on peut mettre dans une malette à laptop lorsqu'on ne met pas de laptop dedans). Dans le train, j'alterne les périodes d'assoupissement avec celles de lecture intensive afin de finir le livre de base de Mage : the Awakening (qui, rappelons-le, est Bien -tm-). Mes oreilles ayant une fâcheuse tendance à capter des signaux ne leur étant absolument pas destinés, je capte les longues, très longues conversations téléphoniques de mon voisin de derrière... La cinquantaine, blaser, cravate, malette à laptop (avec un laptop dedans, lui), le monsieur était en train de faire le job que j'avais quitté il y a plus de deux ans. Vous savez, celui où j'étais payé à prix d'or à me miner le moral ? Bref, c'était assez cocasse de se replonger quelque temps en arrière et de l'entendre pester sur les développeurs faignants, et à clairement dresser un ordre de priorité pour vendre une usine à gaz à peu près présentable... Puis le monsieur dans le micro annonce Paris Est...

Noblesse
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Comme à mon habitude lorsque je me déplace en grandes pompes (et je ne parle pas de mon 43 fillette), plusieurs têtes se retournent sur mon jabot et ma canne. L'air pédant et assuré, j'ignore d'un regard régalien la masse grouillante qui me scrute, cherchant du regard la dame Franseuil qui sera mon hôte ce week end. J'ai dans mon esprit une image bien précise de son visage, imaginé au fil de ses articles Sans Prétention... Et je sais très bien que son image réelle sera une agréable surprise, agréablement différente de mes idées préfabriquées. Et pourtant je sais que je la reconnaitrai sans faillir, et d'un regard. Les lettres ne mentent pas. Et en effet, je vois ce petit bout de femme attendre à l'autre bout du quai, et je sais que c'est elle. La réalité est telle que je me l'avais imaginée : incroyablement différente de l'image que mon esprit avait peint. Je souris... Et je me remets à elle afin qu'elle me guide dans "son" Paris. Paris a ceci de joli qu'il est si vaste que chacun peut véritablement y vivre dans une ville différente... Et qu'il est facile de s'y perdre rapidement, même étant autochtone, la jolie Fabienne se trompant bien 4 fois dans la route à suivre pour me mener là où elle en avait l'intention...

Clergé
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Ce sont deux temples hindou que la dame-oiselle a décidé de me faire visiter pour mon arrivée à Paris. A ces mots, à ses mots, mon esprit s'imagine en plein Paris un petit bout de l'Inde, un temple immense aux murs recouverts d'or et à l'opulence grandiloquante. "Voilà, c'est ici le premier" me dit Fabienne en me montrant un mur grisouille et sale avec un vieux poster fade sur la poste. Surprise, je l'admets. Nous nous déchaussons, et elle me guide dans un escalier en colimaçon assez raide. La salle est vaste et calme, et mes narines sont plongées dans une autre atmosphère, mélange d'encens et de feuilles inconnues... Le caractère iconoclaste apparait immédiatement dans la prépondérence des statues trônant dans la pièce. Mon guide m'explique la signification de chacune d'entre elles, avec les étoiles oculaires d'une passionnée. Je fais connaissance avec la représentation locale de la Lune. Cocassement, c'est un homme.

Le second temple, dédié à Ganesh, est encore plus "self-made-temple" que le précédent. Apparemment, c'est une ancienne cuisine qui a été redécorée et aménagée tant bien que mal... Il y a des statues dans tous les coins, et chaque centimètre d'espace utile est aménagé d'une manière ou d'une autre. Encore cette odeur lancinante mais agréable... Nous décidons d'assister à la putja (Fabienne si j'écorche l'orthographe tu me corriges hein ?), office religieux et communautaire... La cuisine étriquée se bonde de monde, et les brahmin se mettent à psalmodier. Fabienne m'apprends que pendant la putja, il est dit que les dieux hindous prennent place au coeur des statues... Comme dans de nombreux rituels païens, répond-je, un sourire aux lèvres. Et soudain la cuisine n'est plus une cuisine. Nous sommes bien loin du call & response du gospel, ou de la mise en scène judéo chrétienne... Pourtant il se dégage de cette petite pièce une véritable sensation de communion et de sérénité. Un point pour la cuisine. L'office terminé, les brahmin passent dans les rangs et nous marquent le front d'une ligne de cendres. Un autre nous tends un plateau avec trois colorants... Un gris cendre, un rouge sang, et un jaune cheddar fondu (désolé, c'est la première image qui m'est venue à l'esprit ^^)... Je prends le jaune car le rouge est trop agressif et le gris, j'en ai déjà sur moi... On me verse du lait dans la paume de la main gauche. Fabienne le boit, alors je fais de même. Elle en a plein le nez. Rires... Nous quittons le temple, en espérant pour ma part que Ganesh (je ne l'avais plus fréquenté depuis que j'avais quitté mon magasin, dans lequel je lui avait réservé une petite place pour une statue dorée) enlèvera un peu de mes épaules le poids qui les accablent en ce moment. Et indubitablement, je me sens *bien*. Je repense à un ami qui m'avait justement envoyé une photo de lui en Ganesh :



Si vous le reconnaissez, vous pouvez tenter votre chance en commentaire :)

Tiers-Etat
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Sorti de là, nous décidons d'un commun accord de ne pas rentrer de suite, finalement. Nous nous jettons lascivement à la terrasse d'un café et, en se saoulant la djeule au jus d'orange et au Perrier citron, nous conversons alors que les secondes, les minutes, puis les heures s'écoulent sans faire attention à nous. J'apprends à la dame Franseuil à manger entièrement le citron du Perrier. Rires. Nous parlons, encore, de ses ex et des miens. De son passé et du mien. Evitant soigneusement d'avoir à parler d'avenir, tant le présent est agréable, non, il ne faut pas le dépasser. Sexe, joies, peines, rires, foi, rancoeur, exaltations, tout y passe, ou presque. Le temps s'allonge sans que ni elle ni moi n'aie à s'en plaindre... Comme plusieurs fois durant ce week end, nous essayons de joindre Thibaud, sans succès. Puis au détour d'un chemin mental, je découvre une nouvelle Règle des Vérités de la Vie (tm)... Plus on a vécu, plus les rencontres avec une nouvelle personne intéressante le sont aussi, échange soutenu, continu, profond, d'anecdotes thématiques, l'un rebondissant sur l'autre dans une danse presque sensuelle, organique, et surtout naturelle... Plus de coupure, de recentrage de sujet, chaque anecdote renchérit la précédente de l'autre avec une nouvelle donnée sur laquelle l'autre pourra à son tour rebondir... Cadavre exquis au bord d'une table, au bord d'une vie... Et sourires au programme avant de se mettre en route vers chez elle...

La citation du jour : "Je suppose que je ne me trompe pas ?"
La chanson du jour : La trapouille des éléphants, les Wriggles, "Il faut souffler par le nez, Et puis prendre des kilos, Avoir de grandes n'oreilles, Comme ça on est plus beau."

Même si je n'avais pas le code des couleurs, la vie est belle !

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