***Article(s) en date du 17.5.05***

Le résultat du jeu à la con

Voici la petite nouvelle, exercice de style guidé par vos contributions, en m'excusant du retard et de l'absence de posts de ces derniers temps, j'ai eu une semaine difficile.

(Pour les remarques : on écrit "capharnaüm", et un seul T à "atrabilaire".... Un gros "grou" pour cassoulet, parce que vraiment, y'a plus facile à caser, comme mot. Mention spéciale pour "anopistographie", qui était le seul mot proposé que je ne connaissais pas, et que j'ai eu extrêmement de mal à trouver de surcroit. Félicitations ! ) :

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Encore une journée qui serait placée sous le signe de la procrastination. Envie de rien faire, et encore moins de se lever. Le baron de Senquisse se mit à rouler entre ses draps, prolongeant au maximum l'inéluctable échéance où il devrait d'extraire de ce cocon... Pas envie, vraiment pas envie de se lever. Mais sa conscience (si si) eut raison de lui, et il enfila ses chaussons en bougonnant. Il se réveillait rarement d'une telle humeur atrabilaire. Il avait encore mal au dos, ceci expliquant peut être cela... Dans ces moments là, il aurait voulu être une coccinelle ou tout autre coléoptère capable de se fendre l'échine afin de s'envoler loin de cette souffrance. Les rideaux tirés, il faisait presque noir dans la pièce, mais depuis sa plus tendre enfance, son amour des chats et de la nuit l'avait poussé à développer ce côté nyctalope qui est pourtant à la portée de tout être humain se donnant la peine de ne pas avoir peur de l'obscurité ou de la nuit.

Il avait terriblement besoin de tendresse, ou d'un câlin, mais il était encore désespérément seul au mileu du capharnaüm qui lui servait de chambre. Traînant les pieds jusqu'à la cuisine, il se prépara une bonne tasse de café, arme de taille dans sa lutte contre la fatigue. Il utilisait rarement cette technique ancestrale au réveil, afin de garder ses effets positifs en cas de réel besoin. Il avait remarqué son effet décuplé en cas de non-accoutumance du temps où il était payé une fortune pour jouer à l'ordinaticien. Et de toutes façons, il préférait largement un bon lait glacé et quelques céréales. Mais s'il ne voulait pas se recoucher dans l'heure, il lui fallait absolument cette décoction de cafféine.

Comment en était il arrivé là ? On aurait pourtant pu croire que la vie recommençait enfin à lui sourire... Quelque part, un grand assesseur du tribunal du destin avait décidé de lui laisser une échappatoire à toute cette accumulation de souffrances, de ces années qui commençaient et finissaient tout aussi mal, miroir cynique, cruelle épanadiplose du déroulement des ans. Et pourtant sa cyclothymie semblait prendre un malin plaisir à ne pas le lâcher. Peut être était-ce lui qui devrait partir en voyage ? Se libérer, s'envoler tel un électron libre vers... La Thaïlande ? Venise ? Le Canada ? Le baron se sentit sourir sous cette pensée incongrue... le Canada ???? Lui qui était allergique à l'accent québecois, il se demandait bien d'où venait cette suggestion stupide de son subconscient.

Pas envie d'aller assister au cours insipide de cette femme que la vie avait certainement brisé. Peut être ne le remarquait-elle même pas, mais il était trop tard pour désabuser ce qui restait de son esprit d'enfant. La linguistique écrite était capitale à son avenir de professeur ? Foutaises. Il avait mieux à faire de sa journée. Ses idées de voyage avait ouvert son appétit d'évasion. Allait-il passer la journée à lire des comics ? Non... Pas envie non plus de passer la journée à ouvrir des palourdes dans son jeu de rôles en ligne dans le vain espoir d'y trouver une seconde perle noire. Trop désabusé, lui aussi, pour coucher sur le papier le spleen Baudelairien que lui inspirait le calvaire diurne qu'il s'était dessiné. D'une humeur aspirant à un savoir plus spirituel, il ouvrit l'un de ses anciens livres occulte. Celui qu'il avait en main datait du début du siècle, et était encore imprimé en anopistographie, ce qui était déjà devenu rare, même pour l'époque.

Plongé dans sa lecture, il ne vit pas passer les heures... Quand il leva le nez, la Lune était déjà haut dans le ciel... Surpris, il referma le livre et sortit sur le palier... Malgré l'urbanisation grandissante, on pouvait encore considérer que sa maison était au coeur de la nature... Il n'aimait plus les cerises, mais il aimait encore leurs fleurs. Il inspira à plein poumons... la vie est belle. Ne jamais en douter, tel un mantra... Il sentit la passion grandir en lui, l'envie de vivre, encore, jusqu'à l'excès... Finir sa nuit sous le signe de la vie... Sa gaver de cassoulet, sentir le sucre d'un macaron fondre en pétillant sur sa langue, se prendre pour San-Antonio et jouer au Bérurier avec un complice de beuverie, s'offrir un strip en privé au Pink Paradise, se noyer dans la brûme du cannabis ou dans l'éclair de la cocaïne. Il se sentait vibrer, entier, son corps, son sang, jusqu'aux extrémités de son aura elle même... Il savait bien qu'il ne ferait rien de tout cela ce soir... Dans un sens, l'envie elle même était douce et une finalité en soi. Le baron se mit à sourir... Il aimait tant ces instants de renaissance, où le poids d'une journée mal commencée s'envolait en fumée comme un mauvais souvenir... Il était seul, mais quiet. Il s'assit simplement dans l'herbe et, le sourire aux lèvres, regarda simplement les étoiles jusqu'à l'aube...

La citation du jour : "Bonne nuit en passant... pis poste un peu"
La chanson du jour : Question de style, Maxime Le Forestier, "Question de style, Justement. Que se passe-t-il Dans les longs moments Où l'ennui se distille ?"

Même si le cassoulet ne me fait pas tant envie que ça en fait, la vie est belle !

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