***Article(s) en date du 31.5.05***

Des rencontres au coin d'un bar...

En ce mardi après-midi, j'ai été paresser et lire comme à mon habitude de plus en plus fréquente sur la terrasse ensoleillée du Café des Arts... Dans "mon" coin, à une place stratégique, à l'entrée de la terrasse, pas vraiment dehors, mais pas vraiment dedans... Profitant de l'ombre du dedans et de la chaleur du dehors. A mi chemin entre l'immobilisme aérien interne et les bourrasques de vent externes, cette zone tampon bénéficie d'un léger vent délicat qui rafraichit sans faire voler les feuilles de mes livres ou de mes petits papiers couvers de mon écriture tassée et rétrécie pour ne pas perdre un centimètre d'espace, l'une de mes manière de défendre les arbres.

Je remarque en feuilletant mon Houellebecq (qui finalement, me passionne de plus en plus au fur et à mesure des pages... Houellebecq serait-il un Nothomb à l'envers, ratant ses débuts ? A creuser) un couple de jolies demoiselles à quelques tables de moi (zone terrasse... Elle ne devaient pas connaitre le territoire des places stratégiques). Plutôt jolies, bien habillées, semblant de bonne humeur et le sourire aux lèvres, pas de cigarettes, mais c'était peut être dû à la journée sans tabac.

Soudain, je me suis dit que j'aurais bien aimé engager la conversation avec elles. Il y a un peu plus de cinq ans de ça, j'avais pour habitude assez régulière d'aller "accoster" dans mes café-repaires (le Kid, à l'époque, qui a fermé depuis, et l'Académie, devenu depuis le Carolan's, tellement moins bien que je n'y vais plus que rarement) les gens qui m'intriguaient, que je trouvais jolis ou originaux. Mais là, d'un coup d'un seul, je me suis retrouvé bloqué avec mon café crème à la main... Comment engager la conversation ? Je ne m'en souviens plus. Aller m'assoir à leur table ? Vu le nombre de tables vides (sans oublier la mienne, déjà occupée), ça fait agresseur. Leur offrir un verre discètement par serveur interposé ? Ca fait proxénète. Leur faire des signes ? Ca fait pédant. Leur proposer de m'assoir avec elles ? Ca fait dragueur...

Le monde a t'il dont tellement changé en cinq ou six ans ? Je suis persuadé que toute vague tentative de prise de contact aurait été pressentie comme une agression sur l'espace vital d'intimité de l'autre... Je m'en plains, mais avec le recul, je pense que je trouverais également étrange, de nos jours, qu'on vienne m'accoster alors que je suis seul au bar. Et pourtant c'est arrivé, pas plus tard que la semaine dernière... Une fille plutôt mignonne qui est venue me demander si j'étais l'homme qu'elle avait rencontré sur internet et qu'elle était sencée découvrir en vrai pour la première fois aujourd'hui... J'en ai été plutôt amusé, flatté par son air déçu quand je lui ai répondu que non, et un peu amer aussi que de nos jours Internet soit devenu un tel palliatif à des vraies rencontre en live... Cette fille avait l'air bourrée de complexes, et timide, pourtant elle était jolie. Elle ne se mettait pas en valeur, et trimbalait comme un boulet un immonde sac à dos informe... Désir de s'enlaidir par peur de son pouvoir de séduction ? J'espère qu'elle a trouvé son chevalier servant internaute...

Mais revenons à nos deux filles... Aujourd'hui, un homme seul cherchant à engager la conversation avec deux jolies filles dans un café se retrouve immédiatement catalogué, étiquetté, de dragueur ou de pervers. Et pourtant malgré la pureté des traits de la fille que je buvais du regard, je n'avais aucune intention libertine. J'avais simplement envie de les connaitre. Etrange... Et étrange que je trouve cela étrange, j'y arrivais si bien, il y a quelques années... Ai-je vieilli si vite ? Le monde a t'il tant changé ? (oui je me répète mais prrrllltt :p !)

Et moi également, ai-je changé ? Mes accostades de comptoir étaient à l'époque liées à mes pulsions, à mes envies de découverte, à une voix que je trouvais jolie, à un type qui lisait un bouquin qui m'intéressait, à un couple qui parlait d'un film que je venais de voir... Fallait il vraiment que ce soient deux jolis brins de filles pour que je retrouve une telle pulsion de connaissance ? Aurais-je eu les mêmes envies si elles n'avaient pas été jolies ? Ai-je tant développé mon côté esthète qu'il est devenu maître même de mes désirs de rencontre ? Si c'est le cas, je me trouve tristement quelconque, sur ce point... Difficile à dire... Peut être aussi, et simplement, mon désir constant du beau a t'il été un tremplin pour me faire redécouvrir ses pulsions de rencontre dont j'étais si friand, étant plus jeune... Peut être est-ce un début, que si j'avais accosté ces belles, j'aurais accosté un type avec une montre étrange demain ? Comment le savoir maintenant que l'instant est fini ? Est-ce devenu si difficile de parler à des inconnus ? Je me remémore l'incident de la boulangerie et un sourire me vient aux lèvres... Je n'ai jamais revu la fille à la peau dorée.

Il faut que je m'insurge contre cette tendance au cocooning et à la mort des rencontres. Il faut que je me remette à accoster des gens. Quitte à me faire traiter de pervers une paire de fois, et à me prendre des vents monumentaux par des personnes convaincues du caractère intéressé de ma démarche, au moins je ne me ferai plus traiter de vieux con et d'immobiliste des rencontres par l'un de ces êtres si important dans mon monde : mon propre esprit.

La citation du jour : "Non, c'est juste que j'ai pas dormi du week end"
La chanson du jour : Excuse me Mr, No Doubt, "Excuse me... excuse me Mr. I've been waiting in line And I'd like to buy Some of your time, I've been saving up my life, What's your price ? "

Même si je suis resté seul à ma table, la vie est belle !

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