***Article(s) en date du 11.4.05***

Le Baron écrit toujours les mains propres, lui

Toi qui me connais un chouia maintenant, jeune lecteur, jolie lectrice, tu sais que j'ai un rapport assez intense avec les mots, tant les miens que ceux des autres. De plus, je ne suis pas particulièrement connu pour ma capacité à transiger avec mes opinions... Je n'ai jamais supporté l'hypocrisie, et j'ai toujours pris soin, dans la quasi totalité de mes réactions, à toujours dire ce que je pense, et who cares si ça me retombe sur la gueule ou si je dois me brouiller avec des gens. Je préfère être moi-même, et si ma nature gêne les personnes qui m'entourent, comme on dit, "c'est le plus gêné qui part". Je me considère comme extrèment tolérant et "bonne poire", donc j'estime que je n'ai pas à me plier à l'intolérance d'autrui.

Tout ça pour dire que, somme toute, quand j'ai une opinion elle est bien campée et bien tranchée, et qu'en règle générale --car il y a des exceptions--, la seule personne capable de faire fléchir l'une de mes opinions, c'est moi même. L'avantage, c'est que je suis en perpétuelle introspection, et donc que je ne suis pas borné ou buté, et que je remets souvent en question mes positions, suite à l'apport de nouvelles données, pour vérifier en mon Moi intérieur que je suis toujours d'accord avec elles et qu'elles me représentent toujours.

Et pourtant, parfois, certaines de mes décisions ou opinions ne semblent pas être ancrées dans la terre ferme de l'introspection et/ou de la réflexion. J'ai, comme tout être humain, des "knee jerk reactions", des gens que je ne peut pas voir en peinture (à un niveau épidermique), des opinions dont je suis fermement convaincu sans trop savoir pourquoi. Face à ces réflexes, j'ai tendance à me faire confiance à moi même, car souvent, avec le temps, je découvre un petit quelque chose qui me permet, justement, de comprendre ou de démontrer, un petit détail qui m'avait échappé, mais n'avait pas échappé à mon sub-conscient et à mes perceptions primales, et qui justifie a posteriori la réaction sus-citée.

Eh bien là, ce week-end, ça n'a pas raté, encore une fois, je viens de comprendre avec près de 10 ans de recul l'une de mes "knee jerk reactions". Revenons sur les mots. Nous savons que nous avons tous des styles d'écritures favoris, des auteurs chouchous (vous savez par exemple que je suis un inconditionnel de Beigbeder, Nabokov et autres Wilde...), et des auteurs que nous n'aimons vraiment pas. Je me considère comme plutôt bon public, et rares sont les livres que j'ai abandonné avant de les achever, ou ceux qui m'ont vraiment barbé. Un exemple de bouquin que je ne peut pas voir sur une étagère sans frémir de dégoût, c'est "L'or", de Blaise Cendrars. Un auteur qui me fait le même effet, tout livre confondu, c'est Zola. Et un autre auteur pourtant encensé par la critique que je n'ai jamais pu digérer, c'est Sartre.

Jean-Sol Partre, comme dirait Vian, c'est ce fameux génie romancier philosophe intello supra intelligent par rapport au commun des mortels qui donne des érections ou des sécrétions vaginales à une énorme majorité d'enseignants de lettres. Et malgré mon côté bon public, et mon amour de l'élitisme et de la supériorité intellectuelle, Sartre, je n'ai jamais pu le digérer. D'aucun diront sûrement que je me suis attaqué à Sartre un peu jeune (15-16 ans), mais pourtant, j'avais laissé toutes ses chances au bonhomme, boudant pour notre première rencontre ses fameux traités de philosophie pour me plonger dans ses romans, prétendument plus accessibles. J'en ai lu eux. Avec peine et grand déplaisir. Sans vraiment trouver de raison flagrante. J'accrochais pas. Quelque chose me gênait, sans que je puisse mettre le doigt dessus. Le monde littéraire étant pour le moins vaste, c'est d'un haussement d'épaules que je me suis rendu à l'évidence de ma non-compatibilité Sartrienne, et sans chercher plus loin je l'ai définitivement classé dans la partie de mon cerveau réservée aux auteurs "j'aime pas".

Et ce week-end, grâce au magazine Lire, et après près de 10 ans d'ignorance, je viens de comprendre pourquoi la lecture-assimilation de Sartre ne passait pas via les zones agréables de mes neurones. Sartre, c'était un PDG. Non, pas du Medef. PDG comme Putain De Gauchiste (huhuhu). Communiste convaincu, le Sartre d'après guerre était avant tout un militant, certes brillant et intelligent, mais également d'assez mauvaise fois pour nier les atrocités commises en Russie ou protester avec véhémence toute mention de manque de liberté d'expression dans les totalitarismes communistes au pouvoir à son époque. Et avec brio (vu que mes yeux peu entrainés de 15 ans ne l'avaient pas remarqué, il serait intéressant que j'en relise un maintenant), Sartre mélait son message idéologique tout au long de ses traités, mais aussi de ses romans (toujours dixit Lire). Voilà donc pourquoi j'ai jamais pu digérer Sartre, je suppose. Ne pas savoir pourquoi ne m'a jamais empêché de dormir, mais je suis content de voir que finalement, il y a quand même une raison....

Rendons cependant à Cesar, etc, avec le recul et au fil des ans j'ai découvert certaines des "brèves de comptoir"-like de Sartre, ces petites anecdotes qu'il peignait de sa plume pour illustrer une démonstration philosophique et, si je suis souvent en désaccord avec les conclusions de ces démonstrations --comme sur la mauvaise foi par exemple--, force est de constater que les anecdotes en elles même sont très plaisantes à lire. Mais bon. En fermant les yeux sur les conclusions, et à petites doses :o)...

La citation du jour : "Ah oui tu as raison, c'est pas un papillon. Il faudrait qu'on trouve un nom pour ce genre de personnes alors"
La chanson du jour : Thunderstruck, AC/DC, "I was shakin' at the knees, Could I come again please? Yeah the ladies were too kind, You've been - thunderstruck"

Même si Raymond Aron n'a pas eu la verve littéraire de Sartre, la vie est belle !

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