***Article(s) en date du 22.4.07***

Campagne de pubs et pubs de campagne

Moins de deux heures après la mise en ligne de cet article, je me serai dirigé vers la petite école de mon patelin pour faire un petit tour dans la petite case fermée par un petit rideau, pour y glisser un petit bulletin dans une petite enveloppe qui sera remise dans une petite urne. Pour la présidentielle 2007, tout est petit, y compris ma motivation. Depuis le dernier article où je parlais de présidentielle, je pense savoir pour qui je vais voter, mais en toute honneteté il se peut que je change encore d'avis entre ici et l'isoloir. Moi qui suis si fan du principe diplomatique du gagnant/gagnant, j'ai clairement l'impression cette fois qu'il n'y a pas de bonne solution, pas de bon choix.

Alors du coup j'ai regardé les vidéos des campagnes. Si si, même celles de Nihous et Schivardi. Et si on essaie de creuser un peu ce qu'y s'y cache, on a de belles surprises. Outre les ovni genre Le Pen (a.k.a. "Mon programme, c'est moi") et Voynet (a.k.a. le générique d'intro de Bioman et Captain Planet, 3D à l'appui), la plupart des candidats ont choisi le style sobre et dépouillé (et pas cher) du "on me filme pendant que je vous cause". Simple, classique, efficace, même si j'avoue avoir plus apprécié, en termes de communication, le "je n'ai pas la prétention d'être élue" d'Arlette aux irréalistes "dès mon élection..." d'outsiders genre Bové, Buffet ou Schivardi.

J'en profite d'ailleurs pour faire un aparté "comique" sur les "dès mon élection", pour moi la phrase la plus fun de cette campagne 2007 reviendra à Buffet et son -je paraphrase- "dès que je suis élue, je passe le SMIC à 1500 euros net, comme ça, pouf, d'un coup d'un seul, et tout de suite, et je multiplie par 10 les délocalisations tout en assassinant les 3/4 des PME-PMI de France" huhuhuh... Elle, elle aura pas ses 5% et ça lui apprendra :oP

Bref, revenons à nos moutons et nos spots de pubs, la plupart donc ont choisi un style dépouillé, sauf nos deux chouchous des sondages, les deux qui s'abrègent en un joli sobriquet de deux syllabes qui finit par "O". Sauf que je fais partie de ces gens qui sont convaincus que Sego et Sarko ne seront pas dans un bateau... Mais j'y reviens, d'abord, les spots. Car clairement, on voit que ces deux candidats n'ont pas lésiné sur les dépenses de campagnes et leurs spots "sentent" le spot composé par une agence de com'. Simplement, ils n'ont pas dû dépenser assez ou mal choisir leur agence, les deux spots sont aussi ratés l'un que l'autre.

Commençons par Royal. On a d'abord un bombardement bien trop rapide d'images successives de sa campagne et de sa vie politique (mais pas de sa villa dans le sud, huhu), avec des slogans qui s'affichent (là aussi trop rapidement) sur l'écran pendant qu'ils sont lus par la candidate sur un ton monocorde. Trop rapide pour être assimilé, trop court pour être subliminal, bref, pile poile le timing le PIRE qui pouvait être choisi pour un clip. Puis on a un gros plan et après une seconde où la candidate UMP-qui-n-est-pas-à-l-UMP cause un chouille avant de conclure avec un air coincé, rigide, balaidanlkutesque par un "Vive la république, vive la France" qui, s'il part d'une bonne intention, est clairement déplacé, mal lu, peu convaincu et donc peu convainquant, et qui fait plus artificiel qu'autre chose...

Passons à Sarkozy. Le petit Nicolas est quant à lui représenté (mais pas debout hein, pour pas qu'on voit qu'il est petit) devant un fond de verdure et s'adresse aux électeurs d'un ton ferme, concis, clair et efficace, qui semble dire "Si vous m'élisez, c'est avant tout pour avoir des résultats", et on pourrait même le croire. En fait, si le spot se contentait de ça, ce serait probablement l'un des plus réussis de ceux que j'ai vus. Simplement, il y a *LA* gaffe : le spot commence dans ce silence sérieux, puis au fur et à mesure qu'il parle, pom, popom, poPOM, POPOM, POPOM, une vieille musique genre musique de film Américain quand Bruce Willis vient sauver le monde apparait crescendo dans le fond sonore, juste suffisement trop rapidement pour que ça soit hyper flagrant. Du coup, l'efficacité du message "Si vous m'élisez, c'est avant tout pour avoir des résultats" devient un "Je suis le nouveau messie" qui rends le spot plus ridicule qu'autre chose. Son "Vive la France" de fin de spot a l'air plus convaincu que celui de Royal, mais couplé à la musique à la con on entends surtout "Vive moi", et tout tombe à l'eau.

Bref, je ne sais pas combien leurs publicistes ont été payés, mais même le spot humoristique de Buffet et de ses 1500 euros de SMIC est plus efficace que le leur. J'attends avec une impatience non feinte les spots du second tour...

Et parlons-en, rapidement, de ce second tour. Je pense que le grand perdant de ces élections (outre le peuple français), ce seront les sondages, qui vont je pense se prendre la plus belle claque de leur carrière. Mes prédictions personnelles sont un gros 28% pour JMLP en tête du premier tour (d'ailleurs s'il fait 20% ou plus, Nicolas me doit un resto japonais, on a parié ça hier !), et face à lui... Royal ou Bayrou. Oui, je suis convaincu que Sarkozy ne sera pas au second tour. Me demandez pas pourquoi. Gut Feeling. Enfin si, il y a quand même des raisons, je pense que beaucoup d'intention de vote Sarko dans les sondages sont des gens qui n'osent pas dire au sondeur qu'il votera JMLP, et qu'à force de rabacher depuis plus d'un mois qu'il sera grand gagnant des deux tours, beaucoup de gens qui n'auraient pas été voter et qui ne l'aiment pas vont aller voter pour voter "pas Sarko", presque en piochant au hazard parmi les onze autres bulletins. Si j'ai raison, le second tour sera pour moi bien plus simple que le premier, il me suffira de voter "l'adversaire de Le Pen". Dans toute autre configuration mettant en scène deux candidats parmi le trio Bayrou-Royal-Sarkozy, je pense que je serai tout aussi indécis jusqu'au jour du second tour.

Dans un sens, je me dis que quoi qu'il advienne si l'un des trois est élu je trouverai un petit quelque chose pour me contenter. Mais je me dis surtout que quel que soit le vainqueur cette année, le perdant, ça sera moi. J'ai rarement été aussi déprimé par une élection. Et il me faudra une large victoire de la droite aux prochaines législatives pour me remettre le moral, quel que soit le président à la tête de notre pauvre, pauvre France.

La citation du jour (qui date de février en fait mais je l'avais pas encore casée) : "Ce que j'aime bien avec toi c'est que tu es ton propre backstabber... Tu te laisses des pièges derrière, au cas où..."
La chanson du jour : Un jour en France, Noir Désir, "Il y avait Paul et Mickey, on pouvait discuter, mais c'est Mickey qui a gagné, allez, d'accord, n'en parlons plus..."

Même si ca va être une putain de soirée, la vie est belle !

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